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Chaton tarĂ© au sale caractĂšre. 29 piges. Mentalement, c'est une autre histoire. trop Androgyne malgrĂ© lui.Kendoka en reprise. Cosplayeur de seconde zone Ă mes heures perdues. Auteur rĂ©pondant au pseudo de de Walking Dead, de Doctor Who et de Tim Burton. Fan de yaoi. Lecteur de 19 Days et Starfighter. Accro Ă la lecture et Ă l'Ă©criture. Otaku de premier ordre, envahi par les mangas et les partie blog secret est consacrĂ©e Ă mon travail de cosplayeur trĂšs amateur. Justifiez vos demandes de sinon elles seront refusĂ©es directement. Lecture Du Moment Le fils du dragon de Film Vu du moment Ghost Whisperer S5E17 + Black mirror En Cours Deadman Wonderland E8. Le reste, tu demandes, je rĂ©pondrais ou pas. Tu demandes pas, je m'en rĂ©ponds sur mon blog, je rĂ©ponds sur le tien. RĂ©ponds sur ton propre blog et t'auras pas de = DE PUBS ! NO PUB !Sinon je vous la renvoie Ă la gueule et j'vous Ă©touffe avec. Posted on Thursday, 07 January 2016 at 1125 AMEdited on Wednesday, 17 August 2022 at 518 PMDAmerican History X, en passant par Fight Club, Lorsquâelle descend dans un hĂŽtel, elle rĂ©serve lâĂ©tage entier et exige une voiture de luxe en guise de taxi. CĂŽtĂ©s petits plaisirs de la vie, Mariah Carey ne boit que du champagne Ă 1 300 euros la bouteille servi dans des seaux Ă glace ornĂ©s de diamants ! Elle sort toujours accompagnĂ©e dâune meute de personnels et leurAlloCinĂ© News CinĂ©ma Meilleurs films Films Ă l'affiche Prochainement SĂ©ances Box Office Courts-mĂ©trages Tous les films SĂ©ries Streaming Trailers DVD VOD Kids DISNEY+ Mon compte Identifiez-vousCrĂ©ez votre compte News Bandes-annonces Casting Critiques spectateurs Critiques presse VOD Blu-Ray, DVD Photos Musique Secrets de tournage RĂ©compenses Films similaires 1 Bande-annonce & Teasers 220VidĂ©o en cours 5 Emissions d'actu ou bonus Commentaires Pour Ă©crire un commentaire, identifiez-vous nergvald un des meilleurs films sur les skins,fort et prenant! Cabestan R. Musique de Mississippi Burning Ă partir de 020 jusqu'Ă 045 thecinefan L'un des plus grandes films.. un scĂ©nario qui fait rĂ©flĂ©chir, et un Edward Norton plus bon que jamais ! Fr?zinho Do Nascimento un grand film....Ă l'amĂ©ricaine malheureusement. Sarah Pasqualini un film exemplaire je dirais , mon film preferĂ© Carole Brussey Co-cotte TrĂšs beau film. TrĂšs Ă©mouvant. Omar El Mellah la chanson et dusted - deeper river Kill-Django Dite, quelqu'un d'ici pourrait connaitre la musique qui commençe Ă la 45eme sec. s'il vous plait ... Merci d'avance ; .Film tellement magnifique que j'en pleure rien quand regardant la B A ! Dji84 Pour ceux que ça interesse, j'ai trouvĂ© ! C'est Eric Clapton dans New Recruit ! Dji84 Ca ressemble Ă du Santana mais je n'arrive pas Ă la trouver, de l'aide !! ; Dji84 QUelqu'un connait-il la musique au dĂ©but et Ă la fin de la BA ? Les quelques accords de guitare.. ericfollet Lerrinna09 Ce film est en quelque sorte une leçon de vie...A voir et a revoir surfeurdu94 qui chante au debut de la bande annonce a la 45e seconde? wehrmacht-dog ce film terrible, fatal mĂȘme ! Ă ce qui paraĂźt, j'aurais entendu dire surement des fakes...? qu'il y aurait eu une suite Ă ce film, oĂč Derek redevient un skinhead et venge la mort de Daniel tuĂ© par un noir, Ă la fin, qui est apparemment le frĂšre de celui qui a aidĂ© Derek en prison celui "qui s'occupe des calebards". Mais ce que je trouve bizarre, c'est que si il y aurait une suite, American History X n'aurait servi Ă rien... Pour d'autre, il y a ici la bande-annonce en français.>>> Valentin Busson un manifique film tres dure sur l'amour entre 2 frere entrainer dans la haine rasiale a tou seu ki on ^pa vue se superbe film je vou di mai kest ke vous attender shilo2003 qu'est-ce que j'ai pu pleurer de rage sur la bĂȘtise humaine avec ce film!! Comme l'Ă©crit Inhale, un film horriblement magnifique! A voir de toute urgence si ce n'est dĂ©jĂ fait, et puis Ă revoir... youssem91 Un incontournable Ă ne pas manquer, la phrase qui prĂ©cĂšde la fin de la bande-annonce est trĂšs jolie et fait rĂ©flĂ©chir a deux fois son opinion sur la fascisme et tout ce qui s'en suit. Inhale Voir les commentaires
Parexemple (et il y en a bien d'autres) l'ouvrage "Histoire du Canada" de F. X. Garneau que ce Webster diffame dĂ©magogiquement, c'est l'histoire du Canada français, du peuple issu de Nouvelle-France. Et je possĂšde des rayons entiers dans ma bibliothĂšque contenant des livres parus avant 1960 et dans lesquels "Canada" et "canadien", cela concerne uniquement le peupleFilm de Tony Kaye 1 h 59 min 3 mars 1999 FranceGenres Policier, DrameCasting acteurs principaux Edward Norton, Edward Furlong, Beverly D'Angelo, Jennifer Lien, Ethan Suplee, Fairuza Balk, Avery Brooks, Elliott GouldPays d'origine Ătats-UnisCasting complet et fiche techniqueDereck, un nĂ©o-nazi repenti aprĂšs un passage en prison, est dĂ©cidĂ© Ă changer de vie et Ă sortir son jeune frĂšre Danny de cette spirale. La scĂšne de la mĂąchoire = trauma Ă n'est pas de moi, mais j'ai trouvĂ© ça trĂšs bon "Imaginerait-on Hitler en 1939 plier du linge avec un Juif, faire une bonne blague et du coup...Mais qu'est ce que fout American History X dans le sondage des pires films !!!??8KubritchCritique positive la plus apprĂ©ciĂ©eRĂ©gressionL'AmĂ©rique est un pays Ă deux visages. RĂ©putĂ©e pour sa libertĂ© d'entreprise et une rĂ©ussite professionnelle ouverte Ă tous, elle connaĂźt pourtant des poches de pauvretĂ©, un communautarisme excluant...Lire la critique2Sabots lâon voulait rappeler la distinction fondamentale entre le fond et la forme, American History X constituerait un exemple tout Ă fait fertile. Sur le fond, le film cherche Ă dĂ©noncer une...Lire la critique7L'hĂ©ritage de la haineTrĂšs intense, ce film politique, dur et nausĂ©eux par son propos a eu un impact trĂšs important lors de sa sortie aux Etats-Unis parce qu'il aborde sans concession un sujet tabou, le cĂŽtĂ© sombre d'une...Lire la critique9en prison c'est toi le nĂšgreEpoustouflant . Quel film ! une grande lecon de cinĂ©ma .le spectateur est passionĂ© tout le long du film malgrĂ© sa cruautĂ© qui'il Norton est parfait rien Ă redire .ce film m'a plu des...Lire la critique8Critique de par Tre_CoolBon, je dois l'admettre American History X n'est pas le film sombre, dur, crade, mais surtout "claque-dans-ta-gueule" qu'on m'avait promis. Il ne faut pas se voiler la face, le film n'est pas...Lire la critique8Critique de par BlockheadAmerican History X est un film culte dans lequel s'illustre un salaud repenti. RĂ©alisĂ©e par Tony Kaye, cette fiction raconte l'histoire de Derek Edward Norton. Pour venger la mort de son pĂšre,...Lire la critiqueRecommandĂ©esPositivesNĂ©gativesRĂ©centes Filmfrançais; Film Ă©tranger; MISSISSIPPI BURNING PubliĂ© le 15 septembre 2018 19 juillet 2022 par Basile St Verraut dans 80s, Ă revoir, Drame, Film Ă©tranger, Genre, Origine, Type. 2 commentaires. MISSISSIPPI BURNING. Alan Parker, 1988. LE COMMENTAIRE. Depuis que le monde est monde, lâhomme aime scinder les choses. Par rĂ©flexe, par peur et par paresse aussi Loading... Link to video Viewed 1 time Loading... "" Hashtag [American pie marions-les ], description American Pie 4 Film Complet Entier 0924 Views 0 American Pie 4 Film 2012 Complet VF français entier [HD] 5933 Views 0 American Pie 4 Film Complet VF français entier [HD] 5933 Views 0 American Pie marions les 0033 Views 0 AMERICAN PIE MARIONS LES - Bande-annonce VF 0139 Views 0 American pie 3 - marions-les ! 0139 Views 0 American Pie 3 Marions-les ! - VF 0139 Views 0 AMERICAN PIE MARIONS LES - Bande-annonce VO 0139 Views 0 American pie 3 marions-les ! The Wedding Scene Drole ! 0107 Views 0 American pie - Marions-les 0147 Views 0 American pie marions-les - 17 mai 0143 Views 0 American Pie marions-les ! 0139 Views 0 American pie marions-les ! 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Video random xGreen Day - Boulevard Of Broken Dreams [Official Music Video] Loading... Loading... Enlaissant au lecteur la latitude de procĂ©der Ă cet amalgame sans prendre le temps de vĂ©rifier ce qu'ont Ă©tĂ© la vie, le combat et la mort de Malcom X, vous occultez en rĂ©alitĂ© l'option ouverte Ă chacun et en particulier aux opprimĂ©s noirs, blancs, maghrĂ©bins, asiatiques ou blancs (caucasiens) de lutter ensemble avec leurs compagnons de misĂšre blancs ou noirs ou autres 1 Alors que lâhistoire environnementale a acquis dĂšs les annĂ©es 1990 une audience forte dans de nombreux pays, la France a tardĂ© Ă reconnaĂźtre la lĂ©gitimitĂ© de ce champ. Les critiques ne portaient pas tant sur la pertinence des objets historiques que sur la nouveautĂ© rĂ©elle des recherches, et sur la robustesse des mĂ©thodes et des concepts. Pour une tradition historique sensible aux liens avec la gĂ©ographie, un certain nombre de propositions, en particuliers Ă©tatsuniennes, ne semblaient pas si neuves. Lâanalyse comparĂ©e de la constitution de ce domaine de recherche montre quâune partie des divergences vient de malentendus et dâignorances entre des communautĂ©s scientifiques structurĂ©es de maniĂšre diffĂ©rente selon les pays. Les dĂ©placements Ă lâĆuvre lors du transfert de certains travaux dâune rive Ă lâautre de lâAtlantique ont achevĂ© de brouiller les pistes. Mais lâheure nâest plus Ă ces divisions, et il est aujourdâhui possible de prĂ©senter un tableau historiographique convergent de lâhistoire environnementale, tout en respectant les diffĂ©rences nationales. 2 Si en France, lâhistoire environnementale est encore peu dĂ©veloppĂ©e, ce dĂ©calage temporel est en un certain sens un atout, car plusieurs dĂ©cennies de travaux ont montrĂ© que cette voie de recherche, loin de constituer un sous-champ spĂ©cifique et plus ou moins autonome, prend place au cĆur de la discipline. Lâun de nos souhaits principaux est ici dâadresser une invitation Ă la communautĂ© des historiens, pour leur proposer de se pencher de maniĂšre attentive et critique sur ce nouveau chantier intellectuel et sur sa capacitĂ© potentielle Ă modifier les mĂ©thodes et approches de lâhistoire [1]. LE CREUSET AMĂRICAIN 3 Lâhistoire environnementale sâest dâabord constituĂ©e aux Ătats-Unis, plongeant ses racines dans les annĂ©es 1960. Dans un climat fortement influencĂ© par la new left history et par lâactivisme politique, de jeunes historiens, Roderick Nash et Donald Worster en particulier, affirment quâune classe dâopprimĂ©s est systĂ©matiquement oubliĂ©e la terre, le biotope [2]. Il faut, disent-ils, Ă©crire une histoire from the bottom up », qui parte dâen-bas, de ce qui est ignorĂ©, mĂ©prisĂ© et nâa pas la parole [3]. Il sâagit de donner un rĂŽle central aux Ă©lĂ©ments naturels, de les introduire dans tous les livres dâhistoire, au lieu de dĂ©rouler la succession des rois, des guerres et des grandes idĂ©es [4]. Rappelons quâau dĂ©but des annĂ©es 1960, outre-atlantique, lâhistoire intellectuelle et politique domine encore trĂšs largement la profession [5]. 4 On situe gĂ©nĂ©ralement la naissance de lâhistoire environnementale en aoĂ»t 1972, avec un numĂ©ro spĂ©cial de la Pacific Historical Review et un article fameux de Roderick Nash [6]. Le choix de la revue marque la montĂ©e de lâenvironnementalisme sur les campus de la cĂŽte ouest. InitiĂ©e par la publication de Silent Spring par Rachel Carson en 1962, cette prise de conscience triomphe le 22 avril 1970 avec le premier Earth Day, lâune des plus grandes manifestations jamais organisĂ©es aux Ătats-Unis, rĂ©unissant 20 millions de personnes [7]. Dans ce climat, John Opie Ă©dite en avril 1974 une lettre dâinformation en histoire environnementale, suivie de la crĂ©ation dâune revue, lâEnvironmental Review, Ă lâautomne 1976 [8]. LâAmerican Society for Environmental History est fondĂ©e en 1977 [9]. Ces dates de naissance sont cependant trompeuses. Dâune part, ce nouveau champ mobilise des travaux antĂ©rieurs, par exemple ceux publiĂ©s par Samuel P. Hays sur lâhistoire de la conservation ou les nombreuses publications sur lâhistoire des forĂȘts qui dispose de sa propre revue depuis 1957 [10]. Dâautre part, lâhistoire environnementale demeure une Ăglise des catacombes jusquâau milieu des annĂ©es 1980, avec une revue qui manque de disparaĂźtre Ă plusieurs reprises, tandis que le nombre dâadhĂ©rents de la sociĂ©tĂ© est encore infĂ©rieur Ă 200 en 1987 [11]. Nul poste universitaire en histoire environnementale nâexiste, et il faut se raccrocher Ă quelques campus accueillants, comme ceux de lâUniversity of California et de lâUniversity of Kansas pour dĂ©velopper ses recherches, malgrĂ© le succĂšs des premiers parcours en environmental studies auprĂšs des Ă©tudiants [12]. 5 Si cette Ă©mergence reste fragile, elle est structurante, et ceci pour au moins trois raisons qui, mĂȘme remises en cause, continuent Ă peser aujourdâhui. Le lien entre environnementalisme et histoire environnementale est trĂšs fort parmi la premiĂšre gĂ©nĂ©ration, qui conçoit ses travaux comme un levier pour agir sur le prĂ©sent [13]. Certains nâhĂ©sitent pas Ă sâengager publiquement, tel Roderick Nash Ă©crivant la Santa Barbara Declaration of Environmental Rights pour protester contre la marĂ©e noire qui touche cette rĂ©gion en janvier 1969 [14]. Ensuite, la redĂ©couverte des racines amĂ©ricaines du rapport Ă la nature conduit Ă la conviction que cette nation a inventĂ© lâenvironnement et, par consĂ©quent, lâhistoire environnementale. Les travaux pionniers de Roderick Nash sur la wilderness ou sauvagerie » permettent de rĂ©habiliter des figures comme Aldo Leopold ou John Muir [15]. TroisiĂšme originalitĂ©, lâattention portĂ©e aux dĂ©gradations de la nature par lâaction des hommes ouvre de nouveaux champs de recherche. Donald Worster est celui qui va le plus loin dans cette direction, jusquâĂ incarner selon Hal Rothman lâĂ©cole tragique » de lâhistoire environnementale, pointant la responsabilitĂ© du capitalisme [16]. Il inaugure ainsi un nouveau type de rĂ©cit, celui de la chute, du dĂ©clin, en opposition Ă lâusage raisonnĂ© de la nature par les populations locales [17]. 6 Les annĂ©es 1980 voient surgir une deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration, dont les Ćuvres sont aujourdâhui des classiques de lâhistoire environnementale. La fragilitĂ© institutionnelle est compensĂ©e par lâextraordinaire dynamisme des chercheurs qui sâinvestissent dans ce champ en construction. Richard White et William Cronon réécrivent lâhistoire de certaines rĂ©gions amĂ©ricaines sous lâangle du changement Ă©cologique, avec une narration qui rend impossible la sĂ©paration entre les hommes et leur environnement [18]. Carolyn Merchant relit la rĂ©volution scientifique baconienne Ă la lumiĂšre de lâenvironnement, en affirmant quâelle marque un tournant essentiel dans le rapport Ă la nature celle-ci cesse dâĂȘtre un tout vivant pour ĂȘtre sectionnĂ©e, fragmentĂ©e en morceaux privĂ©s de vie, qui pourront ĂȘtre objets de connaissance scientifique et de domination [19]. En affirmant le passage dâune conception fĂ©minine de la nature Ă une conception masculine, Carolyn Merchant propose trĂšs tĂŽt dâĂ©crire une histoire environnementale attentive au genre [20]. Stephen Pyne construit une histoire totale du feu, mĂȘlant les caractĂ©ristiques physiques du phĂ©nomĂšne, les valeurs, les institutions, les croyances [21]. GrĂące Ă lâutilisation de nouvelles sources, il exhume la rationalitĂ© des modes traditionnels dâutilisation du feu qui, loin de dĂ©truire la nature, permettent de gĂ©rer les ressources. Enfin, certaines publications, Ă mi-chemin entre travail scientifique et journalisme, contribuent Ă structurer lâhistoire environnementale et Ă lui donner une visibilitĂ© [22]. 7 Ă cette liste dâobjets nouveaux, il faut ajouter des objets prĂ©existants Ă lâhistoire environnementale mais revendiquĂ©s par ses thĂ©oriciens. Cette appropriation a dâailleurs peu de consĂ©quence pendant un certain temps, tant lâhistoire environnementale est marginale. Dans un premier bilan bibliographique, en 1985, Richard White cherche explicitement Ă dĂ©montrer quâun nouveau champ est en train de se constituer, Ă partir dâune sĂ©rie dâobjets dispersĂ©s. Les trĂšs nombreuses rĂ©fĂ©rences montrent quâil peut sâappuyer sur des bibliographies fournies et antĂ©rieures sur la mise en valeur de lâOuest amĂ©ricain les mouvements de conservation et de prĂ©servation, lâhistoire des forĂȘts et des services forestiers, lâhistoire intellectuelle de la wilderness et de ses grandes figures, lâhistoire des parcs nationaux, lâĂ©tude des paysages et la gĂ©ographie historique, la maĂźtrise de lâeau, la mise en valeur agricole [23]. En revanche, certains objets ne sont pas annexĂ©s, comme les risques, qui surgissent au mĂȘme moment en sociologie et en anthropologie, probablement parce quâils sont trop assimilĂ©s aux risques technologiques [24]. Seuls les insecticides font exception, qui lient thĂ©ories scientifiques, transformations environnementales et changement social [25]. Les rĂ©percussions de Silent spring expliquent un tel intĂ©rĂȘt. La deuxiĂšme moitiĂ© des annĂ©es 1980 propose de nouveaux objets, certains esquissĂ©s de maniĂšre programmatique la pĂȘche et la disparition des ressources en poisson, la pollution de lâair, les consĂ©quences de lâexpansion des banlieues, lâhistoire du genre et lâenvironnement, lâhistoire environnementale de lâindustrie [26]. Les colonnes de lâEnvironmental History Review restent tenues essentiellement par les Ătats-Unis. Et pourtant, ailleurs, les premiers travaux dâhistoire environnementale sur des aires africaines et asiatiques commencent Ă Ă©merger, par exemple sur la chasse en Afrique, les forĂȘts en Inde, lâoccupation des terres en Chine [27]. Ces Ă©tudes nâont pas encore besoin de se dĂ©finir comme relevant de lâhistoire environnementale. Les travaux sur les animaux ont ainsi leur dynamique propre, qui sâest inscrite dâabord dans lâAngleterre des XVIIIe et XIXe siĂšcles avec Keith Thomas et Harriet Ritvo, puis a gagnĂ© les colonies britanniques avec John MacKenzie [28]. 8 Plusieurs leçons se dĂ©gagent de ce deuxiĂšme moment de lâhistoire environnementale Ă©tatsunienne. Le champ sâest constituĂ© par lâinvention de nouveaux objets plus que par des mĂ©thodes, des concepts, une thĂ©orie de lâhistoire. Cette inventivitĂ© rĂ©pond pleinement aux intuitions des fondateurs il faut mettre de la nature dans lâhistoire, le plus possible, pour faire surgir des thĂšmes qui nâont jamais Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s jusque-lĂ . Cette expansion territoriale peut se traduire par lâannexion dâobjets prĂ©existants. Alors que la premiĂšre confĂ©rence en histoire environnementale a lieu seulement en 1982 et que les forces demeurent trĂšs maigres, ces ambitions relĂšvent encore du vĆu pieux [29]. Pourtant, peu Ă peu, les termes nature » et geographical » cĂšdent la place Ă ecological » et environmental », câest-Ă -dire Ă un autre type dâinscription disciplinaire, alors que le contenu nâest pas nĂ©cessairement diffĂ©rent. 9 La deuxiĂšme leçon rĂ©side dans les limites dâun consensus thĂ©orique, mĂȘme si lâEnvironmental Review consacre en 1987 un numĂ©ro spĂ©cial aux thĂ©ories de lâhistoire environnementale [30]. En 1990, le Journal of American History dĂ©die un numĂ©ro entier Ă la dĂ©finition de lâhistoire environnementale [31]. Le dĂ©bat est trĂšs embarrassĂ© car il apparaĂźt que les principaux acteurs du domaine ne partagent pas les mĂȘmes positions thĂ©oriques sur la nature, tout en se reconnaissant une identitĂ© commune dans la pratique de lâhistoire. Stephen Pyne le formule nettement, en affirmant quâil aime les histoires de Donald Worster mais pas ses valeurs ; le dĂ©saccord est Ă©pistĂ©mologique et politique, lâaccord empirique [32]. 10 Lorsque commencent Ă paraĂźtre les premiers signes de reconnaissance de la part des historiens, Ă la fin des annĂ©es 1980, lâhistoire environnementale occupe une position ambiguĂ« dans le champ de lâhistoire. Historiquement, plusieurs praticiens se sentent proches de la vague des annĂ©es 1960, pas seulement de la new left history mais aussi des womenâs studies, de lâAfrican-American history, de la Chicano history, de la gay and lesbian history [33]. Cependant, lâhistoire environnementale nâa pas rĂ©ussi Ă occuper les mĂȘmes positions de pouvoir, Ă revendiquer la constitution dâun territoire distinct, qui passerait par le refus de sâintĂ©grer dans les cours dâhistoire gĂ©nĂ©rale [34]. Le sentiment que, dans la dĂ©fense des opprimĂ©s, les non-humains passeront toujours aprĂšs les femmes, les Afro-amĂ©ricains et les autres minoritĂ©s, est explicitement formulĂ© [35]. En 1995 encore, Alfred Crosby reprochera Ă lâhistoire environnementale dâĂȘtre une secte, avec son association, lâAAEH, et son journal, Ă©crivant et parlant pour elle-mĂȘme, sans influencer le cĆur de la communautĂ© historienne [36]. Cette marginalitĂ© institutionnelle prĂ©serve et entretient un certain nombre de dĂ©calages avec le tournant post-moderne de ces annĂ©es 1980. Lâhistoire environnementale est plus attachĂ©e Ă la dimension Ă©thique et militante quâĂ la subjectivitĂ© des points de vue de lâhistorien, elle continue Ă affirmer quâil existe une matĂ©rialitĂ© et des faits quâil sâagit de reconstituer. En 1988, un des meilleurs tableaux de lâhistoire amĂ©ricaine au XXe siĂšcle peut se contenter dâune seule allusion Ă lâenvironnement, en le considĂ©rant comme un des nouveaux sujets de cette Ă©poque, investi par les jeunes historiens blancs libĂ©raux qui se dĂ©tournent des Ă©tudes afro-amĂ©ricaines [37]. Dans la dĂ©cennie suivante, la fin de cette marginalitĂ© coĂŻncide avec dâautres transformations profondes qui bousculent le champ. INTERNATIONALISATION ET RECOMPOSITIONS 11 Dans les annĂ©es 1990, la reconnaissance croissante de lâhistoire environnementale par les historiens se conjugue avec lâinternationalisation des objets de recherche, favorisant un certain nombre de recompositions. Lâouverture aux mondes non-amĂ©ricains prend deux visages, lâun externe et contestataire, lâautre interne et plus souple. En rĂ©alitĂ©, il faut souligner que, trĂšs tĂŽt, des appels Ă une ouverture plus grande ont Ă©tĂ© lancĂ©s, en particulier par Donald Worster lors du premier colloque de 1982. Dâune part, avance-t-il, lâhistoire environnementale nâest pas une invention amĂ©ricaine, mais elle a Ă©mergĂ©, sous dâautres noms et parfois plus tĂŽt, dans dâautres pays principalement la France et lâAngleterre ; dâautre part, le cadre national rĂ©ducteur des Ă©tudes amĂ©ricaines conduit Ă confondre environnementalisme et environnement, et doit laisser la place Ă une histoire comparĂ©e et transnationale [38]. Ces deux points ont mis longtemps Ă se concrĂ©tiser, faute de forces suffisantes et de liens entre communautĂ©s scientifiques. 12 La premiĂšre attaque provient de lâhistoire environnementale de lâInde [39]. Ramachandra Guha dĂ©veloppe une critique radicale de lâenvironnementalisme Ă©tatsunien Ă partir du point de vue dĂ©centrĂ© de lâInde et du Tiers-Monde [40]. VĂ©hiculĂ© par lâhistoire environnementale, le concept de wilderness, qui a une origine strictement nationale, aurait Ă©tĂ© injustement Ă©rigĂ© en valeur universelle pour asseoir la domination amĂ©ricaine. Cette projection occidentale sur le monde serait passĂ©e par la construction mythique dâune pensĂ©e orientale traditionnelle, plus respectueuse de la nature, ne reposant en fait sur aucune source historique [41]. CĂŽtĂ© europĂ©en, une autre critique forte est apportĂ©e par Richard Grove, Ă travers ses propres recherches et la crĂ©ation de la revue Environment and History en 1995 [42]. Le premier Ă©ditorial affirme que lâhistoire environnementale Ă©tatsunienne est une tradition parmi dâautres, Ă cĂŽtĂ© de lâInde Subaltern Studies, de la France Fernand Braudel, Emmanuel Le Roy Ladurie, AndrĂ©e Corvol et de lâAngleterre Henry Clifford Darby, Olivier Rackam, Victor Skipp, John Sheail. La revue souhaite donc apporter un triple dĂ©centrement par rapport Ă lâEnvironmental History Review et Ă la forest and conservation history » par les aires dâĂ©tude Afrique, Asie, Australie, AmĂ©rique du sud, Europe, les disciplines engagĂ©es lâhistoire Ă©conomique et sociale, et surtout la gĂ©ographie historique, Carl Sauer et Clarence Glacken devenant les pĂšres fondateurs de lâhistoire environnementale, les pĂŽles institutionnels Cambridge, Canberra, New Delhi [43]. Le dĂ©calage entre les positions de Richard Grove et lâhistoire environnementale Ă©tatsunienne sâaccentue dans un texte postĂ©rieur qui accuse les historiens amĂ©ricains, Roderick Nash en particulier, de sâĂȘtre emparĂ©s au dĂ©but des annĂ©es 1970 dâun terme utilisĂ© avant eux par les gĂ©ologues, les archĂ©ologues et la gĂ©ographie historique [44]. Lâacte de naissance de lâhistoire environnementale, marquĂ© par la crĂ©ation de lâEnvironmental Review en 1976, cacherait un point de vue myope et isolationniste, une sorte de coup dâĂtat amĂ©ricain. 13 La mise en avant des dĂ©bats thĂ©oriques constitue le deuxiĂšme tournant des annĂ©es 1990. William Cronon donne le coup dâenvoi avec un article devenu fameux, The trouble with wilderness or, getting back to the wrong nature », publiĂ© dans un volume aux fortes prĂ©tentions thĂ©oriques et repris dans Environmental History [45]. Lâaffirmation centrale â les environnementalistes sâappuient sur une wilderness imaginaire, alors que la nature est socialement construite â ne semble pas si iconoclaste. Elle dĂ©clenche pourtant des rĂ©actions extrĂȘmement vives, accusant William Cronon de saper les fondements de lâhistoire environnementale mais aussi de lâenvironnementalisme [46]. La textualisation du monde commence Ă toucher un champ qui, jusque-lĂ , y avait Ă©chappĂ©, ouvrant la voie au tournant culturel de lâhistoire environnementale [47]. Le texte de William Cronon paraĂźt Ă un moment stratĂ©gique, marquĂ© par le succĂšs dâautres pĂŽles que les Ătats-Unis et par les doutes sur le positionnement du champ Ă lâintĂ©rieur de la discipline historique. GrĂące au dĂ©couplage entre environnementalisme et histoire environnementale, les spĂ©cialistes du champ sont dĂ©sormais recrutĂ©s dans leur propre spĂ©cialitĂ© et accĂšdent de plus en plus aux pages des revues historiques gĂ©nĂ©ralistes [48]. Pourtant domine un sentiment dâincomplĂ©tude et de relatif Ă©chec, car lâhistoire environnementale nâa pas transformĂ© la maniĂšre dont les historiens Ă©crivent lâhistoire et elle reste cantonnĂ©e dans son domaine, sans avoir rĂ©ussi Ă occuper une section de toutes les histoires gĂ©nĂ©ralistes [49]. Pourquoi, se demandent ses tenants, lâhistoire environnementale nâa-t-elle pas connu le mĂȘme succĂšs aux Ătats-Unis que lâhistoire du genre ? La faiblesse thĂ©orique et lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des pratiques sont invoquĂ©es, entre autres. 14 De fait, lâhistoire environnementale nâa jamais Ă©tĂ© unifiĂ©e par une mĂȘme dĂ©finition de la nature et de lâenvironnement, ni par une sĂ©rie de mĂ©thodes clairement identifiĂ©es [50]. Face Ă cette situation, une sĂ©rie des propositions thĂ©oriques sont faites. Richard White, prenant le contrepied de lâhistoire environnementale globale, souligne lâimportance historique de la nationalisation de la nature et la nĂ©cessitĂ© dâune rĂ©flexion spatiale, dans la lignĂ©e des travaux dâHenri Lefevbre [51]. Edmund Russel ouvre la voie dâune histoire de lâĂ©volution qui historiciserait lâĂ©volution des espĂšces non humaines [52]. Un consensus semble se dĂ©gager pour rompre lâautonomie du champ et installer lâenvironnement au cĆur de la discipline historique, au nom de la convergence avec lâhistoire sociale, de la prise en compte de la matĂ©rialitĂ©, ou encore dâune histoire du pouvoir [53]. Quant Ă Sverker Sorlin et Paul Warde, ils en appellent Ă poser le problĂšme du problĂšme », câest-Ă -dire Ă cesser de chercher un consensus dĂ©finitif autour de la dĂ©finition de lâhistoire environnementale, pour interroger plutĂŽt la constitution du savoir et de la science de lâenvironnement avec les outils de la thĂ©orie sociale et politique [54]. Des rĂ©fĂ©rences nouvelles apparaissent et sont discutĂ©es, en particulier les textes de Bruno Latour autour de lâĂ©cologie et des politiques de la nature [55]. 15 Ces doutes sont insĂ©parables dâun troisiĂšme phĂ©nomĂšne lâexplosion des effectifs en histoire environnementale et lâapparition de pĂŽles multiples, issus de traditions scientifiques diffĂ©rentes. Lâouverture europĂ©enne, consacrĂ©e par la crĂ©ation de lâEuropean Society for Environmental History ESEH en 1999, a dilatĂ© la communautĂ©, gĂ©ographiquement certes, mais aussi thĂ©matiquement. Lâhistoire environnementale a Ă©tĂ© Ă©largie Ă la gĂ©ographie historique, Ă lâhistoire rurale et agricole, Ă lâĂ©cologie historique et aux approches historiques des sciences de la nature [56]. Cette orientation Ă©tait dĂ©jĂ sensible dans les colonnes dâEnvironment and History, revue qui a jouĂ© un rĂŽle important de structuration du domaine en Europe. La masse de publications en jeu devient alors considĂ©rable plus de 1000 rĂ©fĂ©rences pour la Finlande et le Danemark entre 1994 et 2003 ; plus de 24 000 dans la base bibliographique sur lâhistoire environnementale du Canada ; plus de 40000 dans la base bibliographique en histoire environnementale de la Forest History [57]. En 2006, la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine, lâASEH, comptait 1000 membres, et lâESEH 426 [58]. Longtemps peu dĂ©veloppĂ©e, lâhistoire environnementale du Canada bouscule elle aussi les frontiĂšres amĂ©ricaines, en se rĂ©clamant de lâhistoire rurale et de la gĂ©ographie historique [59]. En Allemagne et en Suisse, les racines proviennent plutĂŽt de lâhistoire Ă©conomique et sociale, avec Franz-Joseph BrĂŒggemeier, Joachim Radkau et Christian Pfister, ainsi que de lâhistoire politique de lâAllemagne avec Christof Mauch [60]. 16 LâĂ©clatement du champ nâempĂȘche pourtant pas de nouveaux objets de continuer Ă surgir. Lâhistoire de la consommation complĂšte des approches jusque-lĂ centrĂ©es sur les modes dâexploitation des ressources [61]. RĂ©pondant aux critiques portĂ©es contre une histoire environnementale sĂ©parant nature et travail, Christine Rosen et Christopher Sellers posent les bases dâune Ă©co-histoire des entreprises [62]. Lâhistoire du corps fait son apparition dans un domaine qui, jusque-lĂ , considĂ©rait lâhomme comme une espĂšce parmi dâautres et sâinterrogeait peu sur le type de naturalitĂ© qui lui est propre [63]. Ainsi, le lien sâĂ©tablit avec les analyses sur les risques, mais essentiellement pour la pĂ©riode contemporaine, marquĂ©e par des menaces industrielles et toxiques de type nouveau [64]. Les catastrophes naturelles font elles aussi timidement leur apparition, plus facilement dans lâespace europĂ©en quâamĂ©ricain, plutĂŽt sous lâangle dâune Ă©tude des vulnĂ©rabilitĂ©s que de la rupture introduite par lâĂ©vĂ©nement catastrophique [65]. Les atlas environnementaux introduisent de nouvelles perspectives sur lâespace et les bio-rĂ©gions [66]. Deux champs anciens, lâhistoire diplomatique et les Ă©tudes sur la guerre, sont Ă leur tour gagnĂ©s par les nouvelles approches environnementales [67]. Dans un autre ordre dâidĂ©e, un certain tournant culturel » de lâhistoire environnementale favorise le dĂ©veloppement des Ă©tudes sur le cinĂ©ma, la littĂ©rature et le paysage [68]. LâEXCEPTION FRANĂAISE 17 Dans ce tableau mondial, les historiens français sont particuliĂšrement absents, trĂšs loin derriĂšre lâEurope du Nord et lâInde, mais aussi derriĂšre lâEurope du Sud et la Chine [69]. La quasi-inexistence de lâhistoire environnementale en France serait certes peu Ă peu corrigĂ©e par lâinvestissement de jeunes chercheurs [70]. LâĂ©clatement de lâhistoire environnementale et lâintĂ©gration rĂ©cente de filiations diverses et distinctes permettent de poser le problĂšme sous un autre angle, en distinguant trois questions diffĂ©rentes. Lâhistoire environnementale peut-elle se rĂ©clamer de lâĂ©cole des Annales », mĂȘme si Lucien Febvre, Marc Bloch, Fernand Braudel nâont exercĂ© aucune influence directe sur sa naissance aux Ătats-Unis ? Lâabsence de rattachement identitaire Ă lâhistoire environnementale avant les annĂ©es 2000 peut-elle ĂȘtre nuancĂ©e par la proximitĂ© de nombreux travaux français avec un certain nombre dâobjets environnementaux ? Comment situer lâessor rĂ©cent de lâhistoire environnementale en France, par rapport Ă des approches qui ont eu peu dâhĂ©ritiers chez les historiens, Ă savoir lâhistoire de lâenvironnement » Emmanuel Le Roy Ladurie, lâĂ©co-histoire » Robert Delort et lâhistoire Ă©cologique » Georges Bertrand ? 18 La rĂ©fĂ©rence aux Annales est plutĂŽt rĂ©cente en histoire environnementale, et surgit dans la phase de questionnement identitaire des annĂ©es 1990 [71]. Ă lâexception de Donald Worster, marquĂ© par la filiation avec lâhistoire Ă©conomique et sociale, les fondateurs du domaine aux Ătats-Unis nâont pas Ă©tĂ© influencĂ©s par les historiens français [72]. GeneviĂšve Massard-Guilbaud voit dans ces rĂ©fĂ©rences aux Annales un malentendu dĂ» aux effets de brouillage des transferts culturels, et une familiaritĂ© trompeuse due Ă lâinterpĂ©nĂ©tration de lâhistoire et de la gĂ©ographie qui a, au contraire, empĂȘchĂ© le dĂ©veloppement de lâhistoire environnementale en France [73]. Il y a lĂ un vĂ©ritable dĂ©bat. Remarquons toutefois que les rĂ©fĂ©rences aux Annales sont aujourdâhui suffisamment explicites pour ne pas relever du simple malentendu ce nâest pas un hasard si Ramachandra Guha fait de Marc Bloch un modĂšle dâhistoire Ă©cologique, et si diverses discussions rĂ©centes tournent autour des modĂšles temporels de Fernand Braudel [74]. 19 Le terme environnement » surgit dans la langue des historiens au dĂ©but des annĂ©es 1970. Jusque-lĂ , en particulier par Lucien Febvre, il est vu comme un terme anglais marquĂ© par le dĂ©terminisme, auquel il faut prĂ©fĂ©rer une dĂ©finition plus ouverte de tout ce qui environne lâhomme » au sens de Taine [75]. Cette acception trĂšs large est encore utilisĂ©e par Emmanuel Le Roy Ladurie en 1975 pour lâĂ©cologie de Montaillou » qui comprend lâensemble des facteurs et des conditions entourant les hommes, de la flore et de la faune jusquâĂ la possession fonciĂšre et aux structures familiales. DiffusĂ© par les organismes internationaux comme lâOCDE, le terme est intimement liĂ© Ă lâinstitutionnalisation de lâenvironnement, marquĂ©e par la crĂ©ation en 1971 du premier ministĂšre de la Protection de la nature et de lâenvironnement français [76]. Cette origine technocratique, et nullement environnementaliste comme aux Ătats-Unis, suscite donc dĂšs le dĂ©part la mĂ©fiance des historiens alors que Pierre Georges, du cĂŽtĂ© des gĂ©ographes, accepte lâextension pratiquement illimitĂ©e du terme, Emmanuel Le Roy Ladurie dĂ©nonce le danger de cĂ©der aux impĂ©ratifs de la mode, thĂšme promis Ă une longue postĂ©ritĂ© [77]. 20 Les Annales sont une des premiĂšres revues dâhistoire, dans le monde, Ă consacrer un article important Ă lâenvironnement en 1970, puis un numĂ©ro spĂ©cial en 1974 [78]. Remarquons cependant quâaucun de ces textes ne dĂ©finit un programme dâhistoire environnementale, comparable Ă ce qui sâĂ©labore aux Ătats-Unis au mĂȘme moment. Lâarticle de 1970 ne milite que pour lâhistoire du climat, tandis que la courte introduction de 1974 ne dĂ©finit ni un champ, ni des mĂ©thodes, et Ă©numĂšre avant tout des objets. Ces approches novatrices ont Ă©tĂ© Ă©moussĂ©es par des lectures rĂ©trospectives donnant une importance exagĂ©rĂ©e Ă la filiation avec la gĂ©ographie vidalienne, qui serait Ă lâorigine de lâintĂ©rĂȘt des historiens pour les paysages et lâhistoire rurale, cet embryon dâenvironnement [79]. Il faut plutĂŽt rappeler le regard critique dâun Marc Bloch sur des travaux de gĂ©ographie vidaliens dans lesquels il ne se reconnaissait pas [80]. La gĂ©ohistoire a Ă©tĂ© utilisĂ©e un peu facilement pour dĂ©noncer les illusions dâun paradigme des Annales simplificateur par son dĂ©terminisme et sa globalitĂ© [81]. Les premiĂšres pages de lâApologie pour lâhistoire de Marc Bloch montrent comment la conception de lâhistoire comme science des hommes dans le temps est appliquĂ©e aux phĂ©nomĂšnes naturels, ici lâensablement dâun golfe profond de la cĂŽte flamande, le Zwin, Ă partir du Xe siĂšcle [82]. La nature nâintervient pas comme une cause extĂ©rieure, car les processus sont trop complexes, mĂȘlĂ©s, indissociables. Elle est donc intĂ©grĂ©e Ă lâhistoire des hommes, le tout formant un assemblage. 21 Dans les annĂ©es qui suivent, trois basculements sont Ă lâĆuvre, qui limitent la portĂ©e des textes prĂ©curseurs des Annales. Emmanuel Le Roy Ladurie sâengage sur la voie dâune histoire sans les hommes » qui met fin Ă lâhistoire totale des Annales, englobant les hommes et lâenvironnement dans un mĂȘme rĂ©cit, une co-histoire faite de multiples interrelations. Lâhistoire du climat pose, dâun cĂŽtĂ©, une histoire sans les hommes, scientifique, objective, sĂ©rielle, de lâautre une histoire des hommes, interprĂ©tative, subjective, qualitative [83]. Lâenvironnement est ainsi coupĂ© en deux aux historiens, la part de la nature dans lâoutillage mental ; aux recherches pluridisciplinaires associant parfois des historiens, la reconstitution des facteurs naturels qui pĂšsent sur les sociĂ©tĂ©s humaines. Le projet reste cependant ambigu car lâhistoire sans les hommes » est en partie Ă©crite Ă partir de sources produites par les hommes mercuriales, livres de raison, etc.. Il sâagit surtout dâune volontĂ© accrue de scientificitĂ©, dâune opĂ©ration intellectuelle passant par la sĂ©paration des Ă©lĂ©ments. 22 DeuxiĂšme inflexion, le basculement gĂ©ographique de lâhistoire de lâenvironnement est thĂ©matisĂ© par Georges Bertrand dans Pour une histoire Ă©cologique de la France rurale » [84]. Renversant le rapport de forces au profit de la gĂ©ographie, ce programme sâappuie sur une dĂ©finition intemporelle et physique de lâenvironnement appliquĂ©e Ă toutes les Ă©poques pour Ă©tudier les interrelations entre les milieux naturels et les hommes. Saisie au niveau micro des communautĂ©s, cette Ă©tude des relations rĂ©ciproques nâest pas une histoire des mĂ©diations entre les hommes et lâenvironnement, telle que proposĂ©e par exemple par Donald Worster faisant intervenir les structures de production, les acteurs sociaux, les reprĂ©sentations de la nature. 23 Enfin, troisiĂšme Ă©lĂ©ment, le passage de lâhistoire Ă©conomique et sociale Ă une histoire anthropologique et des mentalitĂ©s achĂšve dâĂ©loigner les historiens de lâenvironnement. En 1978, le volume consacrĂ© Ă la Nouvelle histoire entĂ©rine cet abandon lâarticle Environnement » se contente de renvoyer Ă lâentrĂ©e GĂ©ographie historique » [85]. Le caractĂšre dâethnologie intĂ©rieure de lâhistoire se renforce, contribuant Ă rejeter un peu plus la nature du cĂŽtĂ© des invariants, des pesanteurs ayant forgĂ© une civilisation millĂ©naire. Le terme Ă©cologie », qui ouvrait la porte Ă une histoire des facteurs et de leurs variations, laisse la place au mot espace », chargĂ© de lourdeurs, de permanences [86]. Lâattachement Ă une civilisation rurale millĂ©naire en train de disparaĂźtre pousse les historiens du cĂŽtĂ© des rapports harmonieux et stables entre les hommes et la nature, au moment oĂč lâhistoire environnementale amĂ©ricaine insiste sur une histoire heurtĂ©e des dĂ©gradations de la nature par les sociĂ©tĂ©s humaines. 24 Ces filiations montrent pourquoi il existe dans les annĂ©es 1980 et 1990 des travaux historiques sur lâenvironnement en France, mais pris dans un sens plus restrictif que lâhistoire environnementale. Trois groupes peuvent ĂȘtre identifiĂ©s. Le premier, issu des propositions de Georges Bertrand, Ă©tudie lâĂ©volution des milieux bio-physico-chimiques avec lesquels lâhomme est en relation, en prenant en compte la maniĂšre dont celui-ci intervient et transforme ces milieux [87]. DĂ©veloppĂ©es Ă travers plusieurs programmes du CNRS, ces perspectives sont prises en charge avant tout par les sciences de la nature, comprenant la section dâĂ©cologie du CNRS créée en 1976, tandis que les appels aux sciences de la sociĂ©tĂ© suscitent peu de rĂ©actions [88]. Un deuxiĂšme pĂŽle, regroupant les chercheurs en sciences humaines investis dans les collaborations pluridisciplinaires prĂ©cĂ©dentes, sâengage sur la voie dâune Ă©co-histoire qui prend en compte la complexitĂ© physique de la nature et ses dynamiques propres, tout en affirmant ne pas la poser comme extĂ©rieure aux sociĂ©tĂ©s humaines, et faisant intervenir toutes les formes de mĂ©diations structures Ă©conomiques et sociales, amĂ©nagements, outillage mental [89]. ArchĂ©ologues, gĂ©ographes, Ă©cologues dĂ©veloppent de nombreuses recherches, dans lesquelles les historiens se font rares [90]. Le troisiĂšme ensemble est extrĂȘmement vaste et contient tous les travaux qui, dans dâautres pays, pourraient ĂȘtre identifiĂ©s comme relevant de lâhistoire environnementale, mĂȘme si peu dâentre eux revendiquent cette Ă©tiquette [91]. Certains ouvrages importants, pourtant, auraient aux Ătats-Unis Ă©tĂ© classĂ©s dans ce domaine [92]. De maniĂšre plus localisĂ©e, il faudrait ajouter les travaux sur les forĂȘts, les nuisances, les paysages, les Ă©pidĂ©mies ainsi quâune partie de lâhistoire rurale et de la gĂ©ographie historique [93]. 25 Il ne sâagit nullement de dire ici que les historiens français ont fait de lâhistoire environnementale sans le savoir, ni de minimiser la portĂ©e des appels rĂ©cents Ă une histoire environnementale française. Plusieurs remarques semblent toutefois nĂ©cessaires pour mettre en perspective sur le plan international les approches dĂ©veloppĂ©es en France. Lâabsence de structuration dâun domaine de recherche appelĂ© histoire environnementale » dans les organismes de recherche, et plus encore dans les universitĂ©s, se traduit par un manque de visibilitĂ© internationale, mais aussi et surtout par une faible dynamique collective. Le volume des travaux publiĂ© en France est donc trĂšs loin de celui atteint par nombre dâautres pays. Lâinexistence dâune communautĂ© se traduit par lâabsence dâoutils pour la recherche. La bibliographie en histoire environnementale, essentiellement anglophone, est mal connue et absente des bibliothĂšques françaises [94]. Rarement le cloisonnement des rĂ©fĂ©rences a Ă©tĂ© aussi fort, rendant tout dialogue difficile [95]. LâĂ©tude fine des interrelations entre lâĂ©cosystĂšme et les hommes Ă lâĂ©chelle locale sâarticule mal avec les perspectives globales et de longue durĂ©e qui cherchent Ă dĂ©terminer lâavĂšnement de lâanthropocĂšne [96]. Loin de lâhistoire totale environnementale, les rares synthĂšses françaises sĂ©parent lâhistoire physique de lâenvironnement et lâhistoire humaine, les faits et les reprĂ©sentations [97]. De trĂšs nombreux objets de lâhistoire environnementale nâont donc jamais trouvĂ© leurs prolongements en France. Jusquâaux travaux sur lâhistoire des pollutions, les historiens français nâont accordĂ© aucune attention aux dĂ©gradations de la nature par les hommes, pivot des recherches Ă©tatsuniennes [98]. 26 Ces rĂ©serves Ă©mises, notre conviction est celle dâune convergence souhaitable et fructueuse entre lâhistoire environnementale anglophone et les travaux français. Dans un contexte de croissance et dâĂ©clatement du champ, le temps est favorable Ă des lectures et Ă des traditions plurielles. MĂȘme si le mot environnement nâest pas toujours lĂ , il est difficile de nier la fĂ©conditĂ© de recherches marquĂ©es par la gĂ©ographie historique, lâhistoire rurale, les reprĂ©sentations de lâenvironnement, lâhistoire des sciences, lâhistoire Ă©conomique et sociale. LâHISTOIRE ENVIRONNEMENTALE UN PANORAMA HISTORIOGRAPHIQUE 27 Parmi les vastes possibles de lâhistoire environnementale, nous avons choisi de privilĂ©gier et de prĂ©senter quatre domaines pour illustrer ces Ă©changes. Conservation et prĂ©servation des ressources et des espaces naturels 28 LâĂ©tude de la conservation et de lâutilisation raisonnĂ©e des ressources, dâune part, celle de la prĂ©servation des espaces naturels, dâautre part, ont constituĂ© lâun des premiers axes de dĂ©veloppement de lâhistoire environnementale. Ces recherches ont Ă©mergĂ© tout dâabord au sein de lâhistoriographie Ă©tatsunienne. 29 Le livre de Samuel P. Hays Conservation and the Gospel of Efficiency 1959 est lâouvrage fondateur des Ă©tudes sur les politiques conservationnistes ». Hays y traite des initiatives que le gouvernement fĂ©dĂ©ral mĂšne en ce domaine au tournant des XIXe et XXe siĂšcles, notamment sous la prĂ©sidence de Theodore Roosevelt [99]. Sa perspective est celle dâune histoire politique centrĂ©e sur les Ă©lites gouvernementales, savantes et administratives. Ce livre inaugure un demi-siĂšcle dâĂ©tudes sur les lĂ©gislations, les programmes et les organismes de conservation et de valorisation des ressources nationales amĂ©ricaines [100]. Ă partir des annĂ©es 1970, cette question de la conservation est explorĂ©e dans une perspective inspirĂ©e par lâhistoire sociale et les approches bottom up ». Dans un ouvrage influent, John Reiger a dĂ©crit la prĂ©cocitĂ© et lâintensitĂ© de lâengagement des associations amĂ©ricaines de chasseurs dans la protection des ressources cinĂ©gĂ©tiques. Plus rĂ©cemment, des auteurs comme Louis S. Warren et Karl Jacoby ont proposĂ© une relecture de lâhistoire de la conservation, analysĂ©e sous lâangle des effets de coercition â indexĂ©s sur la classe et la race » â que celle-ci suscite restriction de lâaccĂšs aux ressources, criminalisation des pratiques dâusage, disqualification de certains types de rapport aux milieux naturels [101]. 30 Une forme particuliĂšre dâatteinte Ă lâenvironnement occupe par ailleurs une place Ă part dans lâhistoire amĂ©ricaine. Il sâagit du Dust Bowl, ces tempĂȘtes de poussiĂšre gigantesques qui touchent les grandes plaines dans les annĂ©es 1930. Elles ravagent les fermes et les habitations et poussent trois millions de personnes sur les routes. Comme on lâa vu, câest Ă propos de ce phĂ©nomĂšne que Donald Worster signe en 1979 lâun des grands classiques de lâhistoire environnementale il sây livre Ă une critique radicale du capitalisme et en appelle Ă un nouveau rapport Ă lâenvironnement, libĂ©rĂ© de sa logique destructrice [102]. Le thĂšme de la dĂ©gradation et de la protection des sols a suscitĂ© depuis une importante production historiographique, assez largement centrĂ©e sur ce second Ăąge dâor » de la conservation quâa Ă©tĂ© le New Deal rooseveltien [103]. 31 LâĂ©tude des pratiques de prĂ©servation, elle aussi, sâest surtout dĂ©veloppĂ©e aux Ătats-Unis, oĂč sont créés les premiers parcs naturels Yellowstone, 1872. Le travail sĂ©minal, sur cette question, est lâouvrage de Roderick Nash, Wilderness and the American Mind, paru en 1967 [104]. Nash y analyse en historien des idĂ©es lâimportance de la notion de wilderness dans la construction de lâidentitĂ© nationale amĂ©ricaine. Cette sauvagerie », câest celle des grands espaces que Dieu a donnĂ©s en tribut aux colons partis Ă la conquĂȘte de lâOuest. La conquĂȘte achevĂ©e, la prĂ©servation de parcelles de nature sauvage » au sein des parcs naturels permet de conserver le tĂ©moignage de ce moment fondateur de la nation amĂ©ricaine. Dans le sillage de Nash, câest un pan entier de lâhistoire des idĂ©es et des reprĂ©sentations qui a travaillĂ© la question de la construction des catĂ©gories de sauvage » et de naturel », en analysant lâinfluence du christianisme, du romantisme ou de grandes figures tutĂ©laires comme Henry David Thoreau et Aldo Leopold. Les parcs naturels proprement dits ont Ă©galement suscitĂ© des travaux nombreux et circonstanciĂ©s, qui se sont focalisĂ©s sur leur signification culturelle et symbolique, leur histoire politico-administrative [105], leurs pratiques de gestion Ă©cologique [106], leur dimension touristique [107]. Comme la conservation, la prĂ©servation a Ă©tĂ© analysĂ©e sous lâangle des effets de domination quâelle peut susciter. La wilderness nâest pas seulement une construction culturelle Mark D. Spence a montrĂ© par exemple que pour crĂ©er les parcs de Yellowstone, Yosemite et Glacier et y fabriquer une nature sauvage », il avait dâabord fallu expulser et regrouper les indiens qui habitaient ces territoires et effacer les traces matĂ©rielles et mĂ©morielles de leur prĂ©sence [108]. Le cas nâest pas exceptionnel, et cette face cachĂ©e des pratiques prĂ©servationnistes est aujourdâhui de mieux en mieux connue. 32 Lâhistoire de la conservation et de la prĂ©servation a connu des dĂ©veloppements trĂšs diffĂ©rents en Grande-Bretagne et en France, les deux autres pays les mieux connus de ce point de vue. La situation est trĂšs diffĂ©rente de celle des Ătats-Unis en effet, ici, les dynamiques Ă lâĆuvre dans les espaces coloniaux ont Ă©tĂ© dĂ©terminantes. Or, lâĂ©tude des politiques de conservation/ prĂ©servation Ă lâĆuvre dans lâempire français nâa Ă©mergĂ© quâassez rĂ©cemment, avec les travaux de Caroline Ford, ceux de FrĂ©dĂ©ric Thomas sur la foresterie indochinoise et ceux dâAdel Selmi sur la genĂšse des parcs nationaux [109]. Lâhistoire des pratiques conservationnistes et prĂ©servationnistes mĂ©tropolitaines est mieux connue. Les stratĂ©gies de conservation associĂ©es Ă certaines ressources ont suscitĂ© des travaux Ă©tendus câest le cas notamment pour les forĂȘts, avec les travaux dâAndrĂ©e Corvol et du Groupe dâHistoire des ForĂȘts Françaises IHMC-CNRS. Les politiques prĂ©servationnistes, de leur cĂŽtĂ©, ont profitĂ© de travaux dâanthropologues et de sociologues ainsi Isabelle Mauz et Sophie BobbĂ© ont rĂ©cemment contribuĂ© Ă lâhistoire des parcs naturels [110] et Florian Charvolin a analysĂ© la genĂšse du ministĂšre de lâEnvironnement [111]. Approche globale et trĂšs longue durĂ©e 33 Lâune des caractĂ©ristiques majeures de lâhistoire environnementale, et Ă notre sens lâun de ses grands intĂ©rĂȘts, tient Ă ce quâelle propose des cadrages spatiaux et temporels inhabituels par leur ampleur. Les situations historiques peuvent ĂȘtre analysĂ©es Ă lâĂ©chelle de la planĂšte ou dâun continent, sur un siĂšcle, un millĂ©naire ou au-delĂ . Les recherches qui adoptent ce type dâapproche constituent un sous-champ disciplinaire, celui de lâhistoire environnementale globale, qui a fourni une imposante production savante mais aussi plusieurs succĂšs de librairie. 34 Ce courant Ă©merge Ă lâaube des annĂ©es 1970, avec les travaux dâAlfred Crosby sur le Columbian Exchange [112]. Crosby dĂ©signe ainsi le transfert croisĂ© de plantes, dâanimaux et de maladies consĂ©cutif Ă la dĂ©couverte » de lâAmĂ©rique par lâOccident, et il en analyse pour la premiĂšre fois tous les effets effondrement des populations amĂ©ricaines dĂ©cimĂ©es par les maladies importĂ©es, ces puissantes alliĂ©es des conquĂ©rants, transformation des cultures alimentaires, explosion dĂ©mographique europĂ©enne. Il gĂ©nĂ©ralise cette approche dans un second ouvrage, oĂč il dĂ©crit les bouleversements Ă©cologiques qui créÚrent les conditions du succĂšs ou de lâĂ©chec de lâimpĂ©rialisme europĂ©en aux AmĂ©riques, au Moyen-Orient et en OcĂ©anie, entre 900 et 1900 [113]. Ces travaux sâarticulent avec un positionnement anti-impĂ©rialiste et environnementaliste nettement revendiquĂ©. Ils font de Crosby lâun des pionniers de lâhistoire globale, aux cĂŽtĂ©s de William McNeill â qui invente le mot et travaille lui aussi sur les inĂ©galitĂ©s et lâhistoire des maladies Ă lâĂ©chelle de la planĂšte, mais dans une perspective temporelle encore plus ample du NĂ©olithique Ă nos jours [114]. Ces recherches partagent un mĂȘme style analytique, fĂ©condĂ© par les apports de lâĂ©cologie scientifique lâHomme y est considĂ©rĂ© globalement, comme une espĂšce aux prises avec des Ă©cosystĂšmes quâil contribue en retour Ă façonner [115]. 35 Dans les dĂ©cennies 1980 et 1990, le climat intellectuel Ă©volue et devient moins favorable Ă ce type de dĂ©marches, avec lâessor des approches micro » et une nouvelle gĂ©nĂ©ration dâhistoriens qui raisonnent plus en termes de construction sociale de la nature » quâen terme dâĂ©cosystĂšmes ou dâespĂšce humaine [116]. Lâapproche globale/environnementale nâen continue pas moins dâinspirer des chercheurs issus de la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente comme J. Donald Hughes, ou qui se rĂ©clament de son hĂ©ritage [117]. En 1992, John McNeill signe ainsi un livre remarquĂ© sur lâhistoire des sociĂ©tĂ©s montagnardes mĂ©diterranĂ©ennes depuis la prĂ©histoire, considĂ©rĂ©es sous lâangle de leur rapport Ă lâenvironnement [118]. 36 Mais Ă la fin des annĂ©es 1990, la sortie du Guns, Germs and Steel de Jared Diamond marque le grand retour de lâhistoire environnementale globale [119]. Lâouvrage â qui relĂšve plus de la haute vulgarisation que dâun travail acadĂ©mique â est un immense succĂšs commercial et critique prix Pulitzer. Diamond est un Ă©cologue formĂ© en physiologie, qui reprend ici la question qui Ă©tait dĂ©jĂ celle de Crosby et McNeill comment expliquer la domination de lâOccident sur le reste du Monde, ou â comme il lâĂ©crit â pourquoi est-ce Francisco Pizarro GonzĂĄlez qui a conquis lâempire Inca et non pas Atahualpa le royaume dâEspagne ? MĂ» par une recherche des lois gĂ©nĂ©rales de lâhistoire qui Ă©voque par moments Arnold J. Toynbee, Jared Diamond dĂ©crit une chaĂźne causale initiĂ©e il y a prĂšs de 9000 ans, au dĂ©but du NĂ©olithique. Câest la disponibilitĂ© diffĂ©rentielle des animaux et des vĂ©gĂ©taux domesticables qui aurait suscitĂ© des dĂ©veloppements inĂ©gaux des sociĂ©tĂ©s en termes de rĂ©sistance aux germes, de complexitĂ© sociale, de crĂ©ativitĂ© technique. Lâouvrage mobilise lâarchĂ©ologie, lâhistoire, la gĂ©nĂ©tique, la linguistique, lâĂ©cologie dans un rĂ©cit au souffle indĂ©niable, mais oĂč des sĂ©quences historiques comme la rĂ©volution industrielle apparaissent comme des Ă©piphĂ©nomĂšnes, Ă peine analysĂ©s. Il y a peu, Diamond a connu un nouveau succĂšs public avec son livre Collapse, dans lequel il propose une analyse des effondrements civilisationnels quâont provoquĂ©, dans le passĂ©, de mauvaises gestions des ressources environnementales [120]. 37 La logique de Jared Diamond est inspirĂ©e par la systĂ©mique Ă©cologique, mais aussi par les thĂ©ories Ă©volutionnistes et la gĂ©nĂ©tique des populations. Depuis ses dĂ©buts, lâhistoire environnementale globale a empruntĂ© des mĂ©thodes, des cadrages, des raisonnements aux sciences de la nature [121]. Avec lâessor des sciences du systĂšme-Terre », ce sont de nouveaux objets comme lâoscillation climatique ENSO dont El Niño est une composante qui inspirent certaines de ses recherches [122]. Câest Mike Davis qui a fourni lâexemple le plus abouti dâune analyse intĂ©grĂ©e des facteurs climatiques, sociaux, Ă©conomiques et politiques, appliquĂ©e Ă un phĂ©nomĂšne global les famines qui frappĂšrent la Chine, lâInde, le BrĂ©sil et lâAfrique entre 1876 et 1902, causant entre 30 et 60 millions de morts [123]. Il dĂ©crit lâimpact catastrophique du phĂ©nomĂšne ENSO sur des sociĂ©tĂ©s colonisĂ©es, dĂ©stabilisĂ©es par lâimpĂ©rialisme occidental et/ou intĂ©grĂ©es depuis peu Ă une Ă©conomie-monde centrĂ©e sur Londres. Il propose dans la foulĂ©e une gĂ©nĂ©alogie du Tiers Monde » â dont ces gigantesques famines, analysĂ©es ici dans les termes de lâhistoire environnementale, auraient fixĂ© jusquâĂ aujourdâhui lâĂ©tat de domination Ă©conomique et politique. 38 Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, avec le succĂšs de J. Diamond et le renouveau de lâhistoire globale, les ouvrages proposant des histoires environnementales planĂ©taires se sont multipliĂ©s. Donald Hughes a dĂ©ployĂ© une gamme impressionnante dâĂ©tudes de cas â empruntĂ©s aussi bien Ă lâancienne Sumer quâĂ lâadministration Clinton â pour analyser les dynamiques, souvent dĂ©lĂ©tĂšres, de co-Ă©volution des sociĂ©tĂ©s et de leurs Ă©cosystĂšmes [124]. John Richards, lui, se focalise sur une sĂ©quence historique particuliĂšre lâessor des Ătats et de leurs populations, entre 1500 et 1800 [125]. Il pointe le contraste entre des sociĂ©tĂ©s engagĂ©es dans une gestion raisonnĂ©e de leurs ressources le Japon du XVIIIe siĂšcle et celles portĂ©es Ă Ă©tendre sans fin leurs fronts dâexploitation et dâoccupation les sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes. Kenneth Pomeranz fait des facteurs Ă©cologiques une donnĂ©e primordiale dans la grande divergence » entre lâOrient et lâOccident au tournant des XVIIIe et XIXe siĂšcles [126]. Avec John McNeill, câest lâidĂ©e dâune rupture historique qui est centrale pour lui, il y a eu du nouveau sous le soleil » au XXe siĂšcle [127]. Les interactions sociĂ©tĂ©-environnement se sont intensifiĂ©es jusquâĂ provoquer des effets dâune telle ampleur quâils sont devenus le phĂ©nomĂšne historique le plus important du siĂšcle Ă©coulĂ©. Câest toute la vision de lâhistoire qui en est changĂ©e. La pollution atmosphĂ©rique tue plus que les deux guerres mondiales ; Churchill ou Guillaume II sâeffacent derriĂšre Thomas Midgley, lâinventeur de lâessence au plomb et du premier gaz CFC [128]. 39 Depuis ses dĂ©buts, on le voit, lâhistoire environnementale globale a produit un nombre important dâouvrages, qui ont connu une grande visibilitĂ© dans le monde anglo-saxon via lâenseignement et une diffusion grand public » [129]. Ă lâintersection de lâhistoire environnementale et de lâhistoire globale, elle a jouĂ© un rĂŽle moteur dans lâessor de ces deux secteurs de la recherche historique. En revanche, elle nâa suscitĂ© quâun Ă©cho restreint chez les historiens français la tendance Ă la focalisation sur le cadre national et une certaine mĂ©fiance vis-Ă -vis des rĂ©cits englobants et de haute vulgarisation y ont certainement contribuĂ©. Environnement, impĂ©rialisme, colonisation 40 LâĂ©tude des inĂ©galitĂ©s de niveau de vie et de puissance Ă lâĂ©chelle planĂ©taire est lâune des questions sĂ©minales de lâhistoire environnementale, et des approches comme celles de Crosby irriguent depuis les annĂ©es 1970 lâĂ©tude de la premiĂšre colonisation ». Cependant, les recherches abordant la question coloniale sous lâangle de lâhistoire environnementale ont surtout pris leur essor depuis la fin des annĂ©es 1980. 41 Ces travaux ont tout dâabord permis de dresser un bilan environnemental du colonialisme, et de mesurer les effets Ă©cologiques souvent dĂ©sastreux de la dĂ©structuration des systĂšmes politiques et Ă©conomiques dâavant la conquĂȘte [130]. Les autres transformations Ă©co-systĂ©miques suscitĂ©es par la colonisation ont aussi retenu lâattention, notamment celles liĂ©es au transport et Ă la mise en culture des espĂšces vĂ©gĂ©tales Ă lâĂ©chelle du globe [131]. La botanique et lâagronomie tropicale â qui ont promu ou organisĂ© cette circulation des espĂšces â ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es par des chercheurs venus des Science Studies, qui ont Ă©galement analysĂ© les outils de gouvernement que constituent les politiques dâ amĂ©lioration » et de modernisation » agricole [132]. Ces recherches ont aussi rĂ©vĂ©lĂ© lâimportance du terreau colonial dans la naissance et le dĂ©veloppement de lâĂ©cologie scientifique [133]. 42 Par ailleurs, lâhistoire environnementale a montrĂ© que les espaces coloniaux ont Ă©tĂ© des laboratoires pour lâĂ©mergence des prĂ©occupations, des thĂ©ories et des pratiques de protection environnementale. Câest notamment lĂ que les puissances europĂ©ennes ont expĂ©rimentĂ© leurs politiques prĂ©servationnistes, aux XIXe et XXe siĂšcles. Cela est apparu clairement pour la Grande-Bretagne Ă la suite dâun livre coordonnĂ© par Richard Grove et David Anderson, oĂč ces politiques Ă©taient rĂ©solument interprĂ©tĂ©es comme des produits et des instruments de la domination coloniale [134]. LâannĂ©e suivante, John Mackenzie apportait une consistance supplĂ©mentaire Ă cette thĂšse, dans son livre sur les liens entre chasse, impĂ©rialisme et conservation [135]. Il y analysait toute la symbolique de la chasse au gros gibier â mise en scĂšne comme le triomphe de lâhomme blanc sur la nature sauvage â et les mesures de protection animaliĂšre mises en place pour en perpĂ©tuer lâexistence. Il pointait les restrictions dâaccĂšs aux espaces et aux animaux imposĂ©es, dans le mĂȘme mouvement, aux populations africaines et indiennes. Ces problĂ©matiques ont connu par la suite des dĂ©veloppements importants, avec notamment de nombreux travaux sur le gibier et son management colonial et post-colonial [136]. 43 Le cas de lâAfrique du Sud a beaucoup retenu lâattention Jane Carruthers a consacrĂ© plusieurs livres au Kruger National Park, et William Beinart a proposĂ© de rĂ©interprĂ©ter lâhistoire de ce pays en lâanalysant comme une sociĂ©tĂ© coloniale aux prises avec une dĂ©gradation constante de son environnement causĂ©e notamment par la prolifĂ©ration des ovins [137]. 44 Dans des travaux rĂ©cents comme ceux de Beinart, sous lâeffet du basculement historiographique provoquĂ© par les travaux de Richard Grove [138], les pratiques de prĂ©servation ou de conservation ne sont plus vues comme de simples moyens de lâimpĂ©rialisme, mais reliĂ©es Ă lâĂ©mergence de pensĂ©es et dâĂ©thiques proto-Ă©cologiques, parfois inspirĂ©es par les cultures des colonisĂ©s. Les travaux de Grove ont Ă©tĂ© essentiels sur deux points. Dâabord, il a montrĂ© que câest dĂšs lâĂ©poque moderne que les EuropĂ©ens ont rĂ©agi face aux consĂ©quences Ă©cologiques dĂ©sastreuses de lâĂ©conomie de plantation, Ă lâĆuvre dans leurs colonies insulaires. De plus, ses recherches lâont amenĂ© Ă rejeter les interprĂ©tations qui faisaient de lâenvironnementalisme colonial un simple faux nez » de lâimpĂ©rialisme. Pour lui, il rĂ©sulte aussi dâune rencontre crĂ©atrice avec la nature et les populations colonisĂ©es, dont les effets feront plus tard retour en Occident câest le sens de son concept de Green Imperialism. 45 Cette relecture des dynamiques centre/pĂ©riphĂ©rie sâest Ă©galement accomplie par lâimportation de concepts et de mĂ©thodes dâanalyse venus des Subaltern Studies. Le projet subalterniste Ă©merge au dĂ©part comme une exploration des formes dâaction et de rĂ©sistance des paysans indiens [139]. DĂšs les annĂ©es 1980, Ramachandra Guha importe cette problĂ©matique sur le terrain environnemental [140]. Il Ă©tudie le mouvement Chipko alors en cours, oĂč les villageois de la rĂ©gion de lâUttarakhand sâopposent Ă lâexploitation commerciale de leurs forĂȘts [141]. Il montre que ce phĂ©nomĂšne sâinscrit dans une histoire longue, celle de la confrontation des populations locales aux administrateurs et aux praticiens de la foresterie scientifique, sous le Raj et au-delĂ . Cette analyse permet Ă Guha de restituer lâĂ©conomie morale et cognitive complexe qui prĂ©side Ă la gestion des Ă©cosystĂšmes par les communautĂ©s villageoises. Ce qui apparaĂźt nettement en regard, câest la continuitĂ© entre les logiques coloniales et nationalistes/modernisatrices dâexploitation des ressources naturelles [142]. Guha prolongera cette rĂ©flexion avec une histoire Ă©cologique de lâInde publiĂ©e en collaboration, oĂč il rĂ©interprĂšte les castes et les croyances hindouistes comme des systĂšmes socio-culturels organisant lâallocation et lâutilisation soutenable des ressources [143]. 46 Lâhistoire environnementale coloniale sâest aujourdâhui structurĂ©e, dans le monde anglo-saxon, comme un sous-champ acadĂ©mique dotĂ© de cursus, de manuels et de rendez-vous savants [144]. Les historiens français, quant Ă eux, avaient investi ces questions dans les annĂ©es 1990, avec des travaux venus surtout de lâhistoire des sciences [145] et des Ă©tudes indianistes. Jacques Pouchepadass, notamment, a fait beaucoup pour importer et les Subaltern Studies et les approches de lâhistoire environnementale appliquĂ©es au sous-continent indien et/ou aux questions forestiĂšres [146]. Mais ces approches ont nettement marquĂ© le pas dans les annĂ©es 2000. Pourtant, lâĂ©tude des empires coloniaux français offre plus que jamais de riches perspectives en matiĂšre dâhistoire environnementale, comme le montre la parution rĂ©cente du livre de Diana Davis sur la colonisation algĂ©rienne â quâelle aborde via lâanalyse des discours et des reprĂ©sentations traitant de la nature et de son histoire [147]. Environnement urbain et inĂ©galitĂ©s environnementales 47 LâĂ©tude de lâenvironnement urbain est aujourdâhui une thĂ©matique centrale de lâhistoire environnementale. Mais cette situation est rĂ©cente. En effet, celle-ci a longtemps dĂ©laissĂ© les villes, identifiĂ©es Ă de pures constructions humaines, pour se focaliser sur les interactions entre les groupes humains et une Nature » souvent essentialisĂ©e [148]. 48 La situation a Ă©voluĂ© Ă partir du dĂ©but des annĂ©es 1990. En tĂ©moigne le retentissement du livre de William Cronon sur Chicago, paru en 1991 [149]. Il y analyse les processus dâinteraction qui ont dĂ©cidĂ© Ă la fois de lâessor de cette mĂ©tropole et dâune transformation radicale dâune vaste portion du territoire amĂ©ricain, allant des Grands lacs aux Rocky Mountains. Il montre que les besoins de Chicago en bois, en viande, en cĂ©rĂ©ales ont suscitĂ© des transformations massives de cet espace, catalysĂ©es par lâusage de dispositifs techniques Ă©lĂ©vateur Ă grains, camions-frigo dont il souligne le rĂŽle-clĂ©. Le travail de Cronon marque une rupture historiographique la frontiĂšre intĂ©rieure » amĂ©ricaine est rĂ©interprĂ©tĂ©e comme un front de transformation environnementale dont les villes sont le foyer ; lâopposition entre le naturel » et lâurbain laisse place Ă une analyse des processus de co-construction des villes et de leurs hinterlands. Lâouvrage inaugure aussi un genre Ă©ditorial aujourdâhui florissant les Ă©co-biographies » urbaines. Ces travaux proposent une relecture de lâhistoire des grandes villes, vues sous lâangle des transformations environnementales, des conflits dâusage des ressources, des problĂšmes de nuisances quâelles suscitĂšrent et qui contribuĂšrent Ă les façonner en retour [150]. Les fleuves ont particuliĂšrement attirĂ© lâattention des Ă©co-biographes, qui ont analysĂ© leurs rĂŽles moteurs en matiĂšre de dynamiques environnementales urbaines via lâalimentation en eau, les rejets, le transport et la conflictualitĂ© associĂ©e Ă leurs usages [151]. 49 La question des nuisances et des pollutions est un thĂšme central de lâhistoire environnementale urbaine, et lâimportance sociĂ©tale prise par cette question a largement contribuĂ© Ă son dĂ©veloppement. Les travaux sur les dĂ©chets, les pollutions industrielles, lâassainissement, lâalimentation en eau potable se sont multipliĂ©s dans la dĂ©cennie 1990, en sâappuyant sur les Ă©tudes de chercheurs qui travaillaient de longue date sur ces sujets, mais dans une perspective dâhistoire des techniques [152]. Parmi eux, Joel Tarr et Martin Melosi, qui sont restĂ©s les auteurs plus influents sur ces questions, en signant dâinnombrables articles et plusieurs ouvrages de synthĂšse [153]. La rĂ©gulation des nuisances urbaines met aux prises une grande variĂ©tĂ© dâacteurs responsables municipaux, industriels, Ă©lites techniciennes, mais aussi groupes de citoyens mobilisĂ©s au nom de leurs intĂ©rĂȘts ou dâun idĂ©al collectif. Lâhistoire de ces mouvements sociaux a suscitĂ© de nombreux travaux, notamment axĂ©s sur les questions de genre. Suellen Hoy a ainsi analysĂ© le triomphe, dans les annĂ©es 1870-1930, dâune aspiration Ă la propretĂ© domestique mais aussi urbaine chez les femmes de la middle class amĂ©ricaine, Ă lâorigine dâun engagement massif en faveur des revendications nĂ©o-hygiĂ©nistes [154]. Lâhistoire des associations de propriĂ©taires, qui sont devenues Ă partir des annĂ©es 1960 une composante essentielle du mouvement environnementaliste amĂ©ricain, est elle aussi bien documentĂ©e la revendication dâun cadre de vie sain » et naturel » y fait souvent cause commune avec une dĂ©fense des intĂ©rĂȘts patrimoniaux et un dĂ©sir de sĂ©grĂ©gation sociale et raciale [155]. 50 La montĂ©e des prĂ©occupations environnementales sâexprime, Ă partir du dĂ©but des annĂ©es 1970, par des mobilisations inĂ©dites suscitĂ©es par des problĂšmes de stockage des dĂ©chets des mobilisations caricaturĂ©es par le fameux slogan NIMBY, Not in my backyard ! . Ă la fin de la dĂ©cennie, des mouvements sociaux issus de la communautĂ© africaine-amĂ©ricaine se saisissent de ce problĂšme, pour dĂ©noncer les inĂ©galitĂ©s environnementales criantes subies par les populations noires. Ce mouvement, dit de lâenvironmental justice, parviendra peu Ă peu Ă imposer dans le dĂ©bat public la thĂ©matique des inĂ©galitĂ©s environnementales qui concernent lâexposition aux nuisances et aux risques, lâaccĂšs Ă un cadre de vie de qualitĂ©, la capacitĂ© dâagir sur ses conditions environnementales dâexistence [156]. Dans la dĂ©cennie 1990, les travaux dâinspiration sociologique se multiplient pour analyser ces inĂ©galitĂ©s subies par les pauvres et les populations de couleur », thĂ©oriser le concept dâĂ©co-racisme et produire une histoire du mouvement de lâenvironmental justice [157]. La recherche historique sâempare Ă©galement de ces questions, avec la parution en 1995 du livre trĂšs influent dâAndrew Hurley sur la ville de Gary, Indiana [158]. FondĂ©e en 1906 par la compagnie U. S Steel, Gary est tout au long du XXe siĂšcle lâune des villes les plus polluĂ©es des Ătats-Unis. Andrew Hurley analyse sur le long terme lâĂ©volution des inĂ©galitĂ©s environnementales. Il montre que celles-ci restent limitĂ©es jusquâen 1950 â la population, regroupĂ©e en habitat compact, subissant une exposition homogĂšne aux pollutions â puis quâelles explosent Ă la suite de la suburbanisation et du dĂ©veloppement du travail en col blanc. Lâun des grands apports du livre est de montrer les effets pervers de certaines formes de rĂ©gulation environnementale ainsi, Ă Gary, les restrictions imposĂ©es aux rejets dans lâair et lâeau intensifiĂšrent la pollution des sols, accentuant les inĂ©galitĂ©s dâexposition au dĂ©triment des populations noires. La question des inĂ©galitĂ©s environnementales constitue aujourdâhui lâun des chantiers de recherche les plus prometteurs de lâhistoire environnementale et, sans doute, de lâhistoire sociale. 51 Lâhistoire environnementale urbaine est un secteur qui connaĂźt un important dĂ©veloppement en France depuis peu. Les travaux de GeneviĂšve Massard-Guilbaud sur les pollutions industrielles, qui analysent lâhistoire des mĂ©canismes complexes de gestion administrative, de contrĂŽle sanitaire, de traitement juridique des nuisances urbaines, dans un long XIXe siĂšcle ont Ă©tĂ© prĂ©curseurs [159]. Les pollutions et les nuisances mobilisent aujourdâhui de nombreux historiens Thomas Le Roux et Jean-Baptiste Fressoz en ont traitĂ© dans des thĂšses rĂ©centes [160] ; Estelle Baret-Bourgoin les a Ă©tudiĂ©es sous lâangle dâune histoire des sensibilitĂ©s, dans le sillage des travaux dâAlain Corbin [161] ; Sabine Barles a utilisĂ© la notion de mĂ©tabolisme urbain » pour analyser les villes en tant que des Ă©cosystĂšmes producteurs dâexcrata, re-consommĂ©s ou Ă©rigĂ©s en dĂ©chets » Ă Ă©liminer [162] ; Laurence Lestel et AndrĂ© Guillerme ont traitĂ©, sur des modes diffĂ©rents, des formes de contamination induites par les activitĂ©s industrielles urbaines et pĂ©riurbaines [163]. 52 Il peut sembler Ă©tonnant de consacrer de si longs dĂ©veloppements Ă lâhistoire environnementale urbaine et de ne pas plus insister sur lâhistoire et la gĂ©ographie rurales, dont le lien avec lâenvironnement paraĂźt plus Ă©vident. Ces champs de recherche Ă©tant dĂ©jĂ constituĂ©s lorsque surgit lâhistoire environnementale, ils sont restĂ©s en grande partie autonomes. En France, en particulier, la convergence est rĂ©cente et se fait relativement facilement, sans obliger lâhistoire et la gĂ©ographie rurales Ă modifier leurs mĂ©thodes [164]. Lâattention aux dĂ©gradations, aux inĂ©galitĂ©s et Ă la prĂ©servation de lâenvironnement est cependant moins prononcĂ©e. En revanche, de nombreuses Ă©tudes sont disponibles sur certaines des grandes questions de lâhistoire environnementale, comme lâaliĂ©nation des communs et la gestion des ressources naturelles [165]. 53 Ce dossier thĂ©matique se veut un reflet du dynamisme que connaĂźt aujourdâhui lâhistoire environnementale. Notre objectif est de donner Ă voir un ensemble de travaux rĂ©cents que lâon peut considĂ©rer comme assez novateurs du point de vue de leurs objets dâĂ©tude et de leur mĂ©thodologie. Mais ces contributions partagent aussi dâimportantes options historiographiques. 54 Tout dâabord, toutes refusent de considĂ©rer lâ environnement » comme un dĂ©jĂ -donnĂ©, un macro-objet transhistorique avec lequel les sociĂ©tĂ©s humaines entretiendraient des rapports qui â aussi Ă©troits soient-ils â seraient irrĂ©ductiblement des rapports dâextĂ©rioritĂ©. Ce sont les mĂ©diations symboliques et matĂ©rielles qui façonnent, dans chaque situation historique, des assemblages hommes-nature particuliers et changeants qui sont ici au cĆur des interrogations. Dans cette analyse des processus de co-construction des sociĂ©tĂ©s et de leur s environnement s, on trouvera une attention particuliĂšre portĂ©e aux sciences et aux techniques. Les pratiques savantes et techniciennes, les stratĂ©gies dâobjectivation, les modalitĂ©s de production et dâusage des donnĂ©es seront analysĂ©es eu Ă©gard au rĂŽle souvent essentiel quâelles jouent dans ces dynamiques de co-construction. 55 Les contributions quâon va lire manifestent deux autres caractĂ©ristiques dâimportance. La premiĂšre tient au souci de se dĂ©partir dâune focalisation sur le seul XXe siĂšcle, assez nette dans lâhistoriographie anglo-saxonne. Les travaux prĂ©sentĂ©s, au contraire, reflĂštent un intĂ©rĂȘt pour la longue durĂ©e, et lâanalyse comparĂ©e des situations modernes et contemporaines y occupe une place importante. Lâautre caractĂ©ristique que nous voudrions souligner est lâaccent mis sur la recherche et lâexploitation de sources documentaires de tous ordres archives militaires, policiĂšres, savantes, administratives ; productions imprimĂ©es traitĂ©s, journaux, bulletins⊠; corpus cartographiques et numĂ©riques. Ă cette richesse des sources correspond une rĂ©flexion sur leurs conditions de production et dâusage par les acteurs, par lâhistorien qui mobilise Ă la fois les outils de la rĂ©flexion historiographique et celles de lâhistoire sociale et culturelle des savoirs, des discours et des reprĂ©sentations, mis au service de lâhistoire environnementale. 56 Jean-Baptiste Fressoz examine les rĂ©gimes de rĂ©gulation des pollutions et des nuisances des XVIIIe et XIXe siĂšcles. Il analyse dâabord lâaction de la police dâAncien RĂ©gime, en premiĂšre ligne dans la prĂ©vention et la rĂ©solution des conflits environnementaux les commissaires quadrillent les quartiers, recueillent les plaintes des riverains et poursuivent ou font poursuivre les responsables des nuisances industrielles ou artisanales. Ces pratiques participent dâune biopolitique Ă laquelle la thĂ©orie mĂ©dicale des climats fournit sa logique intellectuelle il faut agir sur tout ce qui façonne les corps et dĂ©cide de la santĂ© des populations. Fressoz analyse le fossĂ© qui sĂ©pare ces pratiques du nouveau rĂ©gime de rĂ©gulation, libĂ©ral et techniciste, qui sâimpose au XIXe siĂšcle. La pĂ©nalitĂ© et la police des choses environnantes » disparaissent alors au profit dâune dĂ© rĂ©gulation administrative et juridique qui exonĂšre largement les industries polluantes. Dans le mĂȘme temps, la parole des Ă©lites savantes gagne en autoritĂ© et lâemporte de plus en plus sur celle des riverains et sur les jurisprudences inspirĂ©es par les savoirs pratiques. Sâinaugure ainsi une Ăšre de grande permissivitĂ© vis-Ă -vis des pollutions et de leurs consĂ©quences sanitaires et sociales. 57 Fabien Locher sâintĂ©resse pour sa part Ă une dimension inattendue de la rĂ©volution industrielle et informationnelle du second XIXe siĂšcle la transformation radicale qui affecte dans son sillage les savoirs, les pratiques et les reprĂ©sentations prenant pour objet lâatmosphĂšre et le temps quâil fait ». Ă partir des annĂ©es 1860, les communautĂ©s scientifiques et les Ătats mettent en place les premiers services de prĂ©vision du temps. Ils utilisent des rĂ©seaux dâobservateurs reliĂ©s par le tĂ©lĂ©graphe et des mĂ©thodes inĂ©dites de cartographie et dâanticipation des Ă©tats atmosphĂ©riques. Câest Ă lâObservatoire de Paris, sous le Second Empire, que ces mĂ©thodes sont tout dâabord expĂ©rimentĂ©es. Elles se fondent sur le suivi dâentitĂ©s jusquâalors inconnues, les dĂ©pressions, qui sont intronisĂ©es dans le mĂȘme mouvement en tant que des phĂ©nomĂšnes naturels ». Les reprĂ©sentations profanes de lâatmosphĂšre et du temps quâil fait » vont peu Ă peu se recomposer autour de lâexistence de ces macro-mĂ©tĂ©ores, dont la presse donne chaque jour des nouvelles et des reprĂ©sentations. Lâexpertise scientifique sur le temps, quant Ă elle, sâimpose par le biais de stratĂ©gies dâaccrĂ©ditation et de distinction qui doivent Ă©carter lâamalgame avec les annonces des astrologues Ă©diteurs dâalmanachs. Câest une sorte dâarchĂ©ologie de lâatmosphĂšre moderne qui est proposĂ©e cet atmosphĂšre, ses mĂ©tĂ©ores, y apparaissent Ă la fois comme des reflets et des catalyseurs des transformations dâensemble suscitĂ©es par lâindustrialisation, lâessor des mĂ©dias et la premiĂšre mondialisation. 58 FrĂ©dĂ©ric Thomas analyse lâaction des forestiers coloniaux en matiĂšre de protection des massifs indochinois, de la conquĂȘte Ă la Seconde Guerre mondiale. DĂšs les annĂ©es 1860, la colonisation induit une dĂ©gradation des surfaces boisĂ©es. Les experts forestiers le constatent mais ils lâimputent aux populations locales, jugĂ©es incapables de gĂ©rer leur environnement [166]. Ce nâest que dans les annĂ©es 1890 que certaines portions de forĂȘt sont mises en rĂ©serve », câest-Ă -dire soumises Ă des coupes raisonnĂ©es. Mais comme le montre F. Thomas, ces rĂ©serves sont rĂ©duites et nâexistent parfois que sur le papier. Les populations autochtones sont hostiles Ă des mesures limitant leurs droits dâusage, mais il nâexiste pas de grands mouvements dâopposition comme en Inde. FrĂ©dĂ©ric Thomas cherche ici Ă mettre Ă lâĂ©preuve les thĂšses de Richard Grove, qui dominent largement lâhistoire environnementale coloniale. Ses conclusions sont sans appel trop de travaux reprennent les arguments que Grove a mis en avant pour lâĂ©poque moderne en les appliquant sans discernement aux XIXe et XXe siĂšcles. Or, F. Thomas montre que câest un tout autre rapport Ă lâenvironnement qui sâimpose dans le contexte colonial contemporain, sous le double signe de la technique et du capitalisme. 59 Ron Doel concentre son analyse sur les processus de co-construction des sociĂ©tĂ©s et de leur s environnement s, et le rĂŽle quây jouent les savoirs savants. En la matiĂšre, argumente-t-il, la recherche sâest abusivement focalisĂ©e sur lâhistoire de lâĂ©cologie scientifique et ses liens au militantisme environnementaliste. Câest un tout autre aspect des interactions entre savoirs scientifiques et rapport Ă lâenvironnement quâil se propose dâexplorer. Ici, ce nâest pas le Silent Spring de Rachel Carson qui est dĂ©terminant, mais les efforts des militaires Ă©tatsuniens pour se prĂ©parer Ă un conflit ouvert avec lâURSS. DĂšs la fin des annĂ©es 1940, le Pentagone Ă©rige la connaissance de lâenvironnement physique de la Terre globe, ocĂ©ans, atmosphĂšre au rang dâobjectif stratĂ©gique. Lâenvironnement planĂ©taire doit ĂȘtre cartographiĂ©, sondĂ©, modĂ©lisĂ© pour ĂȘtre maĂźtrisĂ© en tant quâespace dâĂ©volution des missiles balistiques et des sous-marins nuclĂ©aires. Cette situation suscite une formidable mobilisation scientifique et technique, orchestrĂ©e par les instances militaires nord-amĂ©ricaines. Elle dĂ©bouche sur une vĂ©ritable rĂ©volution intellectuelle et acadĂ©mique, avec lâĂ©mergence des approches contemporaines, intĂ©gratives, prenant pour objet le systĂšme-Terre ». Ce sont ces pratiques et ces discours savants qui informent aujourdâhui une part importante des questionnements touchant aux atteintes environnementales globales. Lâhistoire quâen livre R. Doel dĂ©place notre regard ainsi, ce nâest pas lors dâun Earth Day, mais au Pentagone, que la possibilitĂ© et les consĂ©quences dâun changement climatique global furent discutĂ©es pour la premiĂšre fois, un jour du printemps 1947. Il sâagissait alors dâĂ©valuer ce que pourrait ĂȘtre son impact sur les glaces du PĂŽle nord, ce futur champ de bataille de la TroisiĂšme Guerre mondiale. Notes [1] Les auteurs tiennent Ă remercier Ătienne Anheim, FrĂ©dĂ©ric Graber, Philippe Minard, Dominique Pestre et les rapporteurs du comitĂ© de rĂ©daction de la RHMC, pour leurs rĂ©flexions et suggestions. [2] Mark CIOC, Char MILLER, Interview with Roderick Nash », Environmental History, 12-2, avril 2007, p. 399-407. En ligne [3] Roderick NASH, American environmental history a new teaching frontier », Pacific Historical Review, 41-3, aoĂ»t 1972, p. 362-372. En ligne [4] Donald WORSTER, History as natural history an essay on theory and method », Pacific Historical Review, 53-1, fĂ©vrier 1984, p. 1. En ligne [5] Robert DARNTON, Intellectual and cultural history » in Michael KAMMEN Ă©d., The Past before Us Contemporary Historical Writing in the United States, Ithaca, Cornell University Press, 1980, p. 334. Peter NOVICK, That Noble Dream. The Objectivity Question » and the American Historical Profession, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 421. [6] R. NASH, American⊠», art. cit., p. 362-372. [7] Kirkpatrick SALE, The Green Revolution. The American Environmental Movement 1962-1992, New York, Hill and Wang 1993, p. 24. [8] Elle se poursuit sous le nom Environmental History Review en 1990, et devient Environmental History en 1996. [9] Carolyn COLUMN, From the Presidentâs desk », ASEH News, Ă©tĂ©-hiver 2001. [10] Samuel P. HAYS, Conservation and the Gospel of Efficiency ; the Progressive Conservation Movement, 1890-1920, Cambridge Mass., Harvard University Press, 1959. FondĂ©e en 1957 par la Forest History Society, la revue Forest History devient le Journal of Forest History Ă partir de 1974. [11] Interview with Hal K. Rothman », Environmental History, 12-1, janvier 2007, p. 141-154. [12] Mark HARVEY, Donald Worster. Interview », Environmental History, 13-1, janvier 2008, p. 140-155. En ligne [13] William CRONON, The uses of environmental history », Environmental History Review, 17-3, automne 1993, p. 1-22. En ligne [14] M. CIOC, C. MILLER, Interview⊠», art. cit., p. 402. [15] Roderick NASH, Wilderness and the American Mind 1967, New Haven, Yale University Press, 1982. Paradoxalement, lâhistoire intellectuelle a exercĂ© une grande influence, par la redĂ©couverte de ces prĂ©curseurs. [16] D. WORSTER, Natureâs Economy A History of Ecological Ideas, San Francisco, Sierra Club Books, 1977 ; Hal ROTHMAN, A decade in the saddle confessions of a recalcitrant editor », Environmental History, 7-1, janvier 2002, p. 9-21. En ligne [17] W. CRONON, A place for stories nature, history, and narrative », The Journal of American History, 78-4, mars 1992, p. 1347-1376. En ligne [18] W. CRONON, Changes in the Land Indians, Colonists, and the Ecology of new England, New York, Hill and Wang, 1983 ; Richard WHITE, Land Use, Environment, and Social Change The Shaping of Island County, Seattle, University of Washington Press, 1980, et The Roots of Dependency Subsistence, Environment, and Social Change among the Choctaws, Pawnees, and Navajos, Lincoln, University of Nebraska Press, 1983. [19] Carolyn MERCHANT, The Death of Nature Women, Ecology and Scientific Revolution, San Francisco, Harper & Row, 1980. [20] C. MERCHANT Ă©d., Women and environmental history. Special issue », Environmental Review, 8-1, printemps 1984. [21] Stephen PYNE, Fire in America. A Cultural History of Wildland and Rural fire, Princeton, Princeton University Press, 1982. [22] John MCPHEE, The Control of Nature, New York, Farrar, Straus & Giroux, 1989 ; Marc REISNER, Cadillac Desert. The American West and its Disappearing Waters, New York, Penguin Books, 1986. [23] R. WHITE, American environmental history the development of a new historical field », Pacific Historical Review, 54-3, aoĂ»t 1985, p. 297-335. En ligne [24] Mary DOUGLAS, Aaron WILDAVSKY, Risk and Culture An Essay on the Selection of Technological and Environmental Dangers, Berkeley, University of California Press, 1983. [25] John H. PERKINS, Insects, Experts and the Insecticide Crisis the Quest for New Pest Management Strategies, New York, Plenum Press, 1982. Thomas R. DUNLAP, DDT Scientists, Citizens and Public Policy, Princeton, Princeton University Press, 1981. James WHORTON, Before Silent Spring Pesticides and Public Health in pre-DDT America, Princeton, Princeton University Press, 1974. [26] Arthur MCEVOY, The Fishermanâs Problem Ecology and Law in the California Fisheries, 1850- 1980, New York, Cambridge University Press, 1986. Peter BRIMBLECOMBE, The Big Smoke. A History of Air Pollution in London Since Medieval Times, Cambridge, Methuen, 1987. Kenneth JACKSON, Crabgrass Frontier The Suburbanization of the United States, Oxford, Oxford University Press, 1985. C. MERCHANT, Ecological Revolutions Nature, Gender and Science in New England, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1989. Ted STEINBERG, An ecological perspective on the origins of industrialization », Environmental Review, 10-4, hiver 1986, p. 261-276. [27] John M. MACKENZIE, The Empire of Nature Hunting, Conservation and British Imperialism, Manchester, Manchester University Press, 1988 ; Ramachandra GUHA, The Unquiet Woods. Ecological Change and Peasant Resistance in the Himalaya, Oxford, Oxford University Press, 1989 ; Peter C. PERDUE, Exhausting the Earth State and Peasant in Hunan, 1500-1850 A. D., Cambridge mass., Harvard University Press, 1987. [28] Keith THOMAS, Dans le jardin de la nature. La mutation des sensibilitĂ©s en Angleterre Ă lâĂ©poque moderne 1983, Paris, Gallimard, 1985 ; Harriet RITVO, The Animal Estate The English and Other Creatures in the Victorian Age, Cambridge, Harvard University Press, 1987 ; J. MACKENZIE, The Empire⊠, op. cit. [29] Elle a lieu Ă lâUniversity of California, Irvine en janvier 1982. Une sĂ©lection des communications est publiĂ©e dans Environmental Review, 6-2, automne 1982 et 7-1, printemps 1983. [30] Special issue theories of environmental history », Environmental Review, 11-4, hiver 1987. Cf. aussi John OPIE, Environmental history pitfalls and opportunities », Environmental Review, 7-1, printemps 1983, p. 8-16. [31] Journal of American History, 76-4, mars 1990, p. 1087-1187. [32] S. J. PYNE, Firestick history », The Journal of American History, 76-4, mars 1990, p. 1140. [33] W. CRONON, The uses⊠», art. cit., p. 1-2. [34] P. NOVICK, That Noble⊠, op. cit., p. 496, 459. [35] M. HARVEY, Donald⊠», op. cit., p. 153-154. [36] Alfred CROSBY, The past and present of environmental history », American Historical Review, 100-4, octobre 1995, p. 1177-1190. En ligne [37] P. NOVICK, That Noble⊠, op. cit., p. 489-490. [38] D. WORSTER, World without borders the internationalizing of environmental history », Environmental Review, 6-2, automne 1982, p. 8-13. En ligne [39] Ramachandra GUHA, Madhav GADGIL, State forestry and social confl ict in british India », Past and Present, 123, mai 1989, p. 141-177 ; ID., This fissured Land. An Ecological History of India, Berkeley, University of California Press, 1992. [40] R. GUHA, Radical american environmentalism and wilderness preservation a third world critique », Environmental Ethics, 11, 1989, p. 71-83. En ligne [41] Il vise en particulier Lynn WHITE JR., The historical roots of our ecologic crisis », Science, 155-3767, p. 1203-1207. [42] Richard GROVE, Conserving Eden the European East India companies and their environmental policies on St. Helena, Mauritius and in Western India, 1660 to 1854 », Comparative Studies in Society and History, 35-2, 1993, p. 318-351. En ligne [43] R. GROVE, Editorial », Environment & History, 1995, 1-1, p. 1-2. [44] R. GROVE, Environmental History », in Peter BURKE dir., New Perspectives on Historical Writing, University Park, The Pennsylvania State University Press, 2001, p. 261-282. [45] W. CRONON Ă©d., Uncommon Ground. Toward reinventing Nature, New York, Norton, 1995. W. CRONON, The trouble with wilderness or, getting back to the wrong nature », Environmental History, 1-1, janvier 1996, p. 7-28. En ligne [46] Environmental History consacre un numĂ©ro spĂ©cial 1-1, janvier 1996 Ă cet article, accompagnĂ© de critiques de Michael P. Cohen, Thomas R. Dunlap, Samuel P. Hays et dâune rĂ©ponse de William Cronon. [47] R. WHITE, From wilderness to hybrid landscapes the cultural turn in environmental history », The Historian, 66-3, automne 2004, p. 557-564. En ligne [48] Interview with Hal K. Rothman », art. cit., supra, [49] Ellen STROUD, Does nature always matter ? Following dirt through history », History and Theory, 42-4, dĂ©cembre 2003, p. 75-81. En ligne [50] Douglas R. WEINER, A death-defying attempt to articulate a coherent definition of environmental history », Environmental History, 10-3, juillet 2005, p. 404-420. En ligne [51] R. WHITE, The nationalization of nature », Journal of American History, 86-3, dĂ©cembre 1999, p. 976-989. En ligne [52] Edmund RUSSELL, Evolutionary history prospectus for a new field », Environmental History, 8-2, avril 2003, p. 204-228. En ligne [53] Stephen MOSLEY, Common ground integrating social and environmental history », Journal of Social History, 39-3, printemps 2006, p. 915-933. E. STROUD, Does nature⊠», art. cit., p. 75-81. Ted STEINBERG, Down to earth nature, agency, and power in history », American Historical Review, 107-3, juin 2002, p. 798-820 En ligne [54] Sverker SĂRLIN, Paul WARDE, The problem of the problem of environmental history a re-reading of the field », Environmental History, 12-1, janvier 2007, p. 107-130. En ligne [55] R. WHITE, From wilderness⊠», op. cit. ; Kristin ASDAL, The problematic nature of nature the post-constructivist challenge to environmental history », History and Theory, 42-4, dĂ©cembre 2003, p. 60-74. Jusquâen 2009, vingt-trois articles dâEnvironmental History citent Bruno Latour, dont dix-sept depuis 2005, et sans privilĂ©gier pour autant lâouvrage de Bruno LATOUR, Politiques de la nature. Comment faire entrer les sciences en dĂ©mocratie, Paris, La DĂ©couverte, 1999. En ligne [56] Verena WINIWARTER, Environmental history in Europe from 1994 to 2004 enthusiasm and consolidation », Environment & History, 10-4, 2004, p. 502. [57] Per ELIASSON, Poul HOLM, Timo MYLLINTAUS, Finland, Sweden, Danemark », Environment and History, 10-4, 2004, p. 508. Pour la Environmental History Bibliography Database http//www. foresthistory. org/research/ et voir pour la base de donnĂ©es intĂ©grĂ©e en histoire environnementale du Canada. [58] S. MOSLEY, Common ground⊠», p. 918. [59] Richard JUDD, Approches en histoire environnementale le cas de la Nouvelle-Angleterre et du QuĂ©bec », Globe. Revue internationale dâĂ©tudes quĂ©bĂ©coises, 9-1, 2006, p. 67-92. StĂ©phane CASTONGUAY, Faire du QuĂ©bec un objet de lâhistoire environnementale », Globe. Revue internationale dâĂ©tudes quĂ©bĂ©coises, 9-1, 2006, p. 17-49. [60] Franz-Josef BRĂGGEMEIER, A nature fit for industry. The environmental history of the Ruhr Basin 1840-1889 », Environmental History Review, 18-1, printemps 1994, p. 35-54. Peter BRIMBLECOMBE, Christian PFISTER Ă©d., The Silent Countdown. Essays in European Environmental History, Heidelberg, Springer Verlag, 1990. Joachim RADKAU, Nature and Power. A Global History of the Environment 2000, Cambridge, Cambridge University Press, 2008. Christof MAUCH, Thomas ZELLER Ă©d., The World Beyond the Windshield Roads and Landscapes in the United States and Europe, Athens, Ohio University Press, 2008. En ligne [61] Matthew W. KLINGLE, Spaces of consumption in Environmental History », History and Theory, 42-4, 2003, p. 94-110. En ligne [62] Christine MEISNER ROSEN, Christopher C. SELLERS, The nature of the firm towards an ecocultural history of business », Business History Review, 73-4, hiver 1999, p. 577-600. En ligne [63] Greg MITMAN, Christophe SELLERS, Michelle MURPHY, Introduction. Landscape of exposures. Knowledge and illness in modern environments », Osiris, 2nd series, 19, 2004, p. 1-17. C. SELLERS, Thoreauâs body towards an embodied environmental history », Environmental History, 4-4, octobre 1999, p. 486-514. En ligne [64] Soraya BOUDIA, Nathalie JAS, Introduction risk and ârisk societyâ in historical perspective », History and Technology, 23-4, dĂ©cembre 2007, p. 317-331. En ligne [65] S. CASTONGUAY, The production of flood as natural catastrophe extreme events and the construction of vulnerability in the drainage basin of the St. Francis River Quebec mid-nineteenth to mid-twentieth century », Environmental history, 12-4, octobre 2007, p. 816-840. Michael KEMPE, Christian ROHR Ă©d., Coping with the unexpected-natural disasters and their perception », Environment and History, 9-2, 2003. Les prix de lâAEHES ont distinguĂ© rĂ©cemment plusieurs travaux sur les catastrophes Louis A. PEREZ JR., Winds of Change Hurricanes and the Transformation of Nineteenth-Century Cuba, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2001 meilleur livre 2001 ; Joanna DYL, Urban disaster an environmental history of San Francisco after the 1906 earthquake », Ph. D., Princeton University, 2007 meilleure thĂšse 2007. [66] Char MILLER, The Atlas of US and Canadian Environmental History, New York, Routledge, 2003. [67] Jacob DARWIN HAMBLIN, Gods and devils in the details marine pollution, radioactive waste, and an environmental regime circa 1972 », Diplomatic History, 32-4, septembre 2008, p. 539-560. Edmund RUSSELL, Richard P. TUCKER Ă©d., Natural Enemy, Natural Ally Toward an Environmental History of Warfare, Corvallis, Oregon State University Press, 2004. E. RUSSELL, War and Nature, Fighting Humans and Insects with Chemicals from World War 1 to Silent Spring, Cambridge, Cambridge University Press, 2001. [68] Simon SCHAMA, Le paysage et la mĂ©moire 1995, Paris, Seuil, 1999. [69] John R. MCNEILL, Observations on the nature and culture of environmental history », History and Theory, 42, 2003, p. 29 ; Environment & History, 10-4, 2004, p. 407-530. [70] GeneviĂšve MASSARD-GUILBAUD, France », Environment & History, 10-4, 2004, p. 513-514. Le nombre de communications prĂ©sentĂ©es par des chercheurs dâinstitutions françaises aux congrĂšs de lâESEH est passĂ© de 3 en 2001 St-Andrews Ă 7 en 2003 Prague, 9 en 2005 Sienne, 10 en 2007 Ă Amsterdam, contre 31 pour lâAngleterre, 27 pour lâAllemagne, 14 pour la TchĂ©quie, et enfin 17 en 2009 Copenhague. [71] W. CRONON, The uses⊠», art. cit., p. 14 ; A. CROSBY, The past⊠», art. cit., p. 1184-1185 ; R. GROVE, Editorial », art. cit., p. 1-2. [72] D. WORSTER, World without⊠», art. cit., p. 8-13. Dans Environmental Review, entre 1976 et 1985, deux articles font rĂ©fĂ©rence Ă Lucien Febvre, trois Ă Marc Bloch, trois Ă Fernand Braudel. [73] G. MASSARD-GUILBAUD, De la âpart du milieuâ Ă lâhistoire de lâenvironnement », Le mouvement social, 200-3, 2002, p. 66, et Quelle histoire pour lâenvironnement ? », Annales des Mines, 48, octobre 2007, p. 30-37. [74] R. GUHA, M. GADGIL, This fissured⊠, op. cit., p. 7. Richard C. HOFFMANN, Nancy LANGSTON, James C. MCCANN, Peter C. PERDUE, Lise SEDREZ, AHR conversation environmental historians and environmental crisis », The American Historical Review, 113, dĂ©cembre 2008, p. 1431-1465. Dipesh CHAKRABARTY, The climate of history four theses », Critical Inquiry, 35, hiver 2009, p. 197-222. En ligne [75] Lucien FEBVRE, La terre et lâĂ©volution humaine 1922, Paris, Albin Michel, 1970, p. 43, 131. [76] Florian CHARVOLIN, Lâinvention de lâenvironnement en France, Paris, La DĂ©couverte, 2003. En ligne [77] Pierre GEORGE, Lâenvironnement, Paris, PUF, 1971, p. 5-7 et 126 ; Emmanuel LE ROY LADURIE, Histoire et environnement », Annales ESC, 29-3, mai-juin 1974, p. 537. [78] Ibidem et E. LE ROY LADURIE, Pour une histoire de lâenvironnement la part du climat », Annales E. S. C., 25-5, septembre-octobre 1970, p. 1459-1470. [79] Caroline FORD, Landscape and environment in French historical and geographical thought new directions », French Historical Studies, 24-1, 2001, p. 125-134. Les gĂ©ographes aussi sont loin dâĂȘtre Ă©trangers Ă cette lecture Paul CLAVAL, Histoire de la gĂ©ographie française de 1870 Ă nos jours, Paris, PUF, 1995. [80] Susan W. FRIEDMAN, Marc Bloch. Sociology and Geography. Encountering changing disciplines, Cambridge, Cambridge University Press, 1996. En ligne [81] François DOSSE, Lâhistoire en miettes 1987, Paris, La DĂ©couverte, 2005, p. 128-138. [82] Marc BLOCH, Apologie pour lâhistoire ou mĂ©tier dâhistorien 1949, Paris, Armand Colin, 1993, p. 81-83. [83] E. LE ROY LADURIE, Le territoire de lâhistorien, Paris, Gallimard, 1973, p. 417 et 522. [84] Georges BERTRAND, Pour une histoire Ă©cologique de la France rurale », in Georges DUBY et Armand WALLON Ă©d., Histoire de la France rurale, t. 1, Des origines Ă 1340, Paris, Seuil, 1975, p. 37-113. [85] Jacques LE GOFF Ă©d., La Nouvelle histoire, Paris, Retz, 1978. [86] AndrĂ© BURGUIĂRE, Les Bretons de Plozevet, Paris, Flammarion, 1977. [87] Corinne BECK, Robert DELORT Ă©d., Pour une histoire de lâenvironnement, Paris, CNRS Ăditions, 1991. [88] Marc JOLIVET, Un exemple dâinterdisciplinaritĂ© au CNRS le PIREN 1979-1989 », Revue pour lâhistoire du CNRS, 4, mai 2001 ; Alain PAVĂ, Deux programmes de recherche sur lâenvironnement dans les annĂ©es 1990-1998 le programme Environnement, puis le programme Environnement, Vie et SociĂ©tĂ©s », Revue pour lâhistoire du CNRS, 4, mai 2001. [89] François WALTER, Lâhistorien et lâenvironnement. Vers un nouveau paradigme », Natures, Sciences, SociĂ©tĂ©s, 2-1, 1994, p. 31-42. [90] Pour un exemple rĂ©cent, cf. Corinne BECK, Yves LUGINBHĂL, Tatiana MUXART Ă©d., Temps et espaces des crises de lâenvironnement, Versailles, Ăditions Quae, 2006. Ce volume ne compte que cinq historiens sur vingt-six contributions venant de la gĂ©ographie physique, de lâanthropologie, de la sismologie, du droit, de lâĂ©conomie, de lâarchĂ©ologie. [91] Colloque de lâAssociation française des historiens Ă©conomistes de 1995, publiĂ© dans Histoire, Ă©conomie et sociĂ©tĂ©, 1997-3, n° spĂ©cial Environnement et dĂ©veloppement Ă©conomique », p. 315-547 ; ou par exemple Elisabeth CROUZET, Jalons pour une histoire de lâenvironnement vĂ©nitien la lagune de Torcello », in Milieux naturels et espaces sociaux. Ătudes offertes Ă R. Delort, Paris, Presses de lâUniversitĂ© Paris-Sorbonne, 1997, p. 85-93, et Toward an ecological understanding of the myth of Venice », in Dennis ROMANO, John MARTIN Ă©d., Venice reconsidered, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2000, p. 39-64. [92] Sans aucun souci dâexclusivitĂ©, citons par exemple Pierre TOUBERT, Les structures du Latium mĂ©diĂ©val. Le Latium mĂ©ridional et la Sabine du IXe siĂšcle Ă la fin du XIIe siĂšcle, Rome, Ăcole française de Rome, 1973 ; Bernard PICON, Lâespace et le temps en Camargue, Arles, Actes Sud, 1988 ; Alain CORBIN, Le miasme et la jonquille. Lâodorat et lâimaginaire social XVIIIe-XIXe siĂšcles, Paris, Aubier, 1982 ; Serge BRIFFAUD, Naissance dâun paysage. La montagne pyrĂ©nĂ©enne Ă la croisĂ©e des regards. XVIe-XIXe siĂšcles, Toulouse, A. G. M Archives des Hautes PyrĂ©nĂ©es CIMA CNRS, 1994. [93] Le sain et le malsain », Dix-huitiĂšme siĂšcle, 9, 1977 ; Reynald ABAD, Les tueries Ă Paris sous lâAncien RĂ©gime ou pourquoi la capitale nâa pas Ă©tĂ© dotĂ©e dâabattoirs aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles », Histoire, Ă©conomie et sociĂ©tĂ©, 1998-4, p. 649-676. [94] Pour rĂ©pondre Ă ce problĂšme rĂ©current dâidentification et de visibilitĂ©, le projet ANR Kindunos responsable G. Quenet est en train de construire une base de donnĂ©es bibliographique en histoire environnementale de la France. Notons par ailleurs quâen juillet 2009, aucune bibliothĂšque française nâĂ©tait abonnĂ©e Ă la revue de rĂ©fĂ©rence Environmental History la version papier paraĂźt depuis 1976. [95] ConsidĂ©rĂ© comme le fondateur de lâĂ©co-histoire, Robert Delort est citĂ© deux fois entre 1976 et 2009 dans Environmental History. Sur les difficultĂ©s de rĂ©ception de lâhistoire environnementale amĂ©ricaine, cf. Jean HEFFER, compte rendu de William Cronon, Natureâs Metropolis, Annales HSS, 48-4, juillet-aoĂ»t 1993, p. 966-968. [96] Paul J. CRUTZEN, IGBP Newsletter 41, May 2000. [97] Câest le principal reproche que lâon peut faire Ă R. DELORT, F. WALTER, Histoire de lâenvironnement europĂ©en, Paris, PUF, 2001. [98] G. MASSARD-GUILBAUD, Quelle histoire⊠», art. cit. [99] S. P. HAYS, Conservation⊠, op. cit. [100] Elmo E. RICHARDSON, Dams, Parks, and Politics Resource Development and Preservation in the Truman-Eisenhower Era, Lexington, University of Kentucky Press, 1973 ; John ADAMS, Damming the Colorado the Rise of the Lower Colorado River Authority 1933-1939, College Station, Texas A&M. University Press, 1990. [101] John REIGER, American Sportsmen and the Origins of Conservation, New York, Winchester Press, 1975 ; Louis S. WARREN, The Hunterâs Game Poachers and Conservationists in Twentieth-Century America, New Haven, Yale University Press, 1997 ; Karl JACOBY, Crimes against Nature Squatters, Poachers, Thieves, and the Hidden History of American Conservation, Berkeley, University of California Press, 2001. [102] D. WORSTER, Dust Bowl⊠, op. cit. [103] Par exemple Tim LEHMAN, Public Values, Private Lands Farmland Preservation Policy, 1933- 1985, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1995. [104] R. NASH, Wilderness⊠, op. cit. [105] Alfred RUNTE, National Parks The American Experience, Lincoln, University of Nebraska Press, 1979. [106] James A. PRITCHARD, Preserving Yellowstoneâs Natural Conditions Science and the Perception of Nature, Lincoln, University of Nebraska Press, 1999. [107] Marguerite S. SHAFFER, See America First Tourism and National Identity, 1880-1940, Washington, Smithsonian Institution Press, 2001. Les recherches sur lâhistoire environnementale du tourisme se sont beaucoup dĂ©veloppĂ©es au cours de la derniĂšre dĂ©cennie. Voir par exemple Blake HARRISON, The View From Vermont Tourism and the Making of an American Rural Landscape, Burlington/Hanover, University of Vermont Press/University Press of New England, 2006 ; Connie Y. CHIANG, Shaping the Shoreline. Fisheries and Tourism on the Monterey Coast, Seattle, University of Washington Press, 2008. [108] Mark D. SPENCE, Dispossessing the Wilderness Indian Removal and the Making ok the National Parks, Oxford, Oxford University Press, 1999. Voir aussi Theodore CATTON, Inhabited Wilderness Indians, Eskimos, and National Parks in Alaska, Albuquerque, University of New Mexico Press, 1997, et K. JACOBY, Crimes against Nature, op. cit. [109] Cf. la contribution de F. THOMAS, dans ce n° ; Adel SELMI, Administrer la nature. Le parc national de la Vanoise, Paris, Ăditions de la MSH-Quae Ăditions, 2006 ; C. FORD, Nature, culture and conservation in France and her colonies, 1840-1940 », Past & Present, 183, 2004, p. 173-198. [110] Isabelle MAUZ, Histoire et mĂ©moires du parc national de la Vanoise, 1921-1971 la construction, Grenoble, Hors-sĂ©rie de la Revue de GĂ©ographie Alpine, Ascendances », 2003. Voir aussi le travail en cours de Guillaume BLANC, Logiques identitaires, logiques nationales les territoires des parcs nationaux QuĂ©bec, France, Ăthiopie », UniversitĂ© Paris 1/UniversitĂ© du QuĂ©bec Trois-RiviĂšres thĂšse en cours. [111] F. CHARVOLIN, Lâinvention de lâenvironnement⊠, op. cit. [112] A. CROSBY, The Columbian Exchange. Biological and Cultural Consequences of 1492, Wesport, Greenwood, 1972. [113] A. CROSBY, Ecological Imperialism. The Biological Expansion of Europe, 900-1900, Cambridge, Cambridge University Press, 1986. [114] William MCNEILL, The Rise of the West. A History of the Human Community, Chicago, University of Chicago Press, 1963. Cf. Caroline DOUKI, Philippe MINARD, Histoire globale, histoires connectĂ©es un changement dâĂ©chelle historiographique », RHMC, 54-4 bis, suppl. 2007, p. 7-21 p. 9. [115] W. MCNEILL, The Human Condition An Ecological and Historical View, Princeton, Princeton University Press, 1980. [116] Parmi eux, William Cronon, Donald Worster, Richard White. [117] J. Donald HUGHES, Panâs Travail Environmental Problems of the Ancient Greeks and Romans, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 1994. Hughes envisage lâessor et le dĂ©clin des civilisations antiques en considĂ©rant leurs liens avec les dommages infl igĂ©es aux environnements dĂ©forestation, surexploitation des sols, destruction de la fauneâŠ. [118] J. R. MCNEILL, The Mountains of the Mediterranean World An Environmental History, New York, Cambridge University Press, 1992. [119] Jared DIAMOND, De lâinĂ©galitĂ© parmi les sociĂ©tĂ©s 1997, Paris, Gallimard, 2000. [120] J. DIAMOND, Effondrement. Comment les sociĂ©tĂ©s dĂ©cident de leur disparition ou de leur survie 2005, Paris, Gallimard, 2006. [121] Ses praticiens ont souvent des formations hybrides. Ainsi J. Donald Hughes a-t-il eu Ă la fois une formation en gĂ©nĂ©tique vĂ©gĂ©tale, en histoire et en thĂ©ologie. oralhists-fndrs consultĂ© le 29 mai 2009. [122] Par exemple Brian FAGAN, Floods, Famines, and Emperors, New York, Basic Books, 1999. LâĂ©tude du climat et de son histoire mobilise aujourdâhui de nombreux historiens de lâenvironnement. HĂ©ritiers des travaux pionniers dâEmmanuel Le Roy Ladurie, ils sont engagĂ©s dans un vaste travail de collecte et dâanalyse des donnĂ©es climatiques anciennes. Rudolf BRĂZDIL, Christian PFISTER, Heinz WANNER, Hans Von STORCH, JĂŒrg LUTERBACHER, Historical climatology in Europe â the state of the art », Climatic Change, 70, 2005, p. 363-430. [123] Mike DAVIS, GĂ©nocides tropicaux. Catastrophes naturelles et famines coloniales. Aux origines du sous-dĂ©veloppement 2001, Paris, La DĂ©couverte, 2003. [124] J. D. HUGHES, An Environmental History of the World Humankindâs Role in the Community of Life, Londres, Routledge, 2001. [125] John F. RICHARDS, The Unending Frontier An Environmental History of the Early Modern World, Berkeley, University of California Press, 2003. [126] Kenneth POMERANZ, The Great Divergence. China, Europe and the Making of the Modern World Economy, Princeton, Princeton University Press 2000 trad. fr. Ă paraĂźtre en 2010 aux Ă©ditions Albin Michel. Pour une prĂ©sentation synthĂ©tique, cf. K. POMERANZ, La force de lâempire rĂ©volution industrielle et Ă©cologie, ou pourquoi lâAngleterre a fait mieux que la Chine, Alfortville, Ăditions Ăše, 2009. [127] J. MCNEILL, Something New Under the Sun An Environmental History of the Twentieth-Century World, New York, W. W. Norton & Co, 2000. Pour une recension rĂ©cente, voir Jean-François MOUHOT, Du nouveau sous le Soleil. Une histoire environnementale du XXe siĂšcle », Revue Internationale des Livres et des IdĂ©es, 11, 2009, p. 4-11. [128] Rappelons que les gaz CFC sont les responsables du fameux trou » dans la couche dâozone atmosphĂ©rique. [129] Citons Ă©galement le livre de Joachim Radkau qui, Ă lâissue dâun macro-rĂ©cit qui se dĂ©ploie sur plus de 10 000 ans, pointe notre entrĂ©e rĂ©cente dans une phase de globalisation et de non-soutenabilitĂ© radicale des activitĂ©s Ă©conomiques, dâabord expĂ©rimentĂ©e aux Ătats-Unis. PubliĂ© en allemand en 2000, lâouvrage a Ă©tĂ© traduit depuis peu et il connaĂźt une seconde vie » dans le monde anglo-saxon Joachim RADKAU, Nature and Power A Global History of the Environment 2000, Cambridge, Cambridge University Press, 2008. [130] Par exemple James L. GIBLIN, The Politics of Environmental Control in Northeastern Tanzania, 1840-1940, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1992. [131] Christophe BONNEUIL, Marie-NoĂ«lle BOURGUET, De lâinventaire du globe Ă la mise en valeur du monde. Botanique et colonisation », Revue Française dâHistoire dâOutre-Mer, 86, 1999, p. 7-38. [132] Richard DRAYTON, Natureâs Government Science, Imperial Britain, and the Improvement » of the World, New Haven, Yale University Press, 2000 ; C. BONNEUIL, Development as experiment science and state building in late colonial and postcolonial Africa, 1930-1970 », Osiris, 15, 2000, p. 258-281. [133] Peder ANKER, Imperial Ecology Environmental Order in the British Empire, 1895-1945, Cambridge Ma., Harvard University Press, 2001. [134] David ANDERSON, Richard GROVE Ă©d., Conservation in Africa Peoples, Policies and Practice, Cambridge, Cambridge University Press, 1987. [135] J. M. MACKENZIE, The Empire of Nature⊠, op. cit. [136] Par exemple Roderick P. NEUMANN, Imposing Wilderness Struggles over Livehood and Nature Preservation in Africa, Berkeley, University of California Press, 1998 sur la Tanzanie. [137] Le plus rĂ©cent est Jane CARRUTHERS, Wildlife and Warfare the life of James Stevenson-Hamilton, Pietermaritzburg, University of Natal Press, 2001 ; William BEINART, The Rise of Conservation in South Africa Settlers, Livestock, and the Environment 1770-1950, Oxford, Oxford University Press, 2003. [138] R. GROVE, Green Imperialism⊠, op. cit. [139] Cf. Ranajit GUHA, Elementary Aspects of Peasant Insurgency in Colonial India, Delhi, Oxford University Press, 1983. [140] R. GUHA, Forestry and social protest in British Kumaun, c. 1893-1921 », in Ranajit GUHA Ă©d., Subaltern Studies n° 4, Delhi, Oxford University Press, 1985, p. 54-101. [141] R. GUHA, The Unquiet Woods⊠, op. cit. [142] Le mĂȘme constat a Ă©tĂ© fait en matiĂšre dâagriculture, RĂ©volution verte comprise. C. BONNEUIL, Development⊠», art. cit. [143] M. GADGIL, R. GUHA, The fissured Land⊠, op. cit. [144] Ă titre dâexemple, notons la parution rĂ©cente dâun sixiĂšme volume de lâOxford History for the British Empire consacrĂ© Ă ces questions William BEINART, Lotte HUGHES, Environment and Empire, Oxford, Oxford University Press, 2007. [145] En lien avec la problĂ©matique Sciences et empire ». Yvon CHATELIN, C. BONNEUIL Ă©d., Les sciences hors dâOccident au XXe siĂšcle, t. 3 Nature et environnement, Paris, Ădition Orstom, 1995. [146] Jacques POUCHEPADASS Ă©d., Outre-Mers coloniaux et environnement », numĂ©ro spĂ©cial de la Revue dâHistoire dâOutre Mer, 299, 1993 avec des articles de Claire Bernard, MarlĂšne Buchy, GuĂ©hi Jonas Ibo et Anne Bergeret sur les forĂȘts et les politiques coloniales de protection de la nature. [147] Diana K. DAVIS, Resurrecting the Granary of Rome Environmental History and French Colonial Expansion in North Africa, Athens Oh., Ohio University Press, 2007. Sur lâAlgĂ©rie, voir aussi C. FORD, Reforestation, landscape conservation, and the anxieties of empire in french colonial Algeria », American Historical Review, 113, 2008, p. 341-362. [148] G. MASSARD-GUILBAUD, Pour une histoire environnementale de lâurbain », Histoire urbaine, 18, 2007, p. 5-21. En ligne [149] W. CRONON, Natureâs Metropolis. Chicago and the Great West, New York, W. W. Norton & Co, 1991. [150] Parmi les plus rĂ©cents, citons Matthew KLINGLE, Emerald City An Environmental History of Seattle, New Haven, Yale University Press, 2007. [151] Par exemple, pour la Nouvelle OrlĂ©ans et le Mississipi Ari KELMAN, A River and Its City The Nature of Landscape in New Orleans, Berkeley, University of California Press, 2003, mais aussi Isabelle BACKOUCHE, La trace du fleuve. La Seine et Paris 1750-1850, Paris, Ăditions de lâEHESS, 2000, qui relĂšve en grande part dâune histoire environnementale. [152] Martin V. MELOSI, Garbage in the Cities Refuse, Reform and the Environment, 1880-1980, College Station, Texas A&M. University Press, 1981, constitue le premier ouvrage solide sur lâhistoire des ordures et de leur gestion. [153] M. V. MELOSI, The Sanitary City Urban Infrastructure in America from Colonial Times to the Present, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2000 ; Joel A. TARR, The Search for the Ultimate Sink Urban Pollution in Historical Perspective, Akron Ohio, University of Akron Press, 1996. [154] Suellen HOY, Chasing Dirt The American Pursuit of Cleanliness, Oxford, Oxford University Press, 1995. [155] Adam ROME, The Bulldozer in the Countryside Suburban Sprawl and the Rise of American Environmentalism, New York, Cambridge University Press, 2001. Voir aussi M. DAVIS, City of Quartz. Los Angeles capitale du futur 1990, Paris, La dĂ©couverte, 2006, p. 137-203. [156] Andrew SZASZ, Ecopopulism Toxic Waste and The Movement for Environmental Justice, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1994. [157] Robert D. BULLARD, Dumping in Dixie Race, Class, and Environmental Quality, Boulder, Westview Press, 1990. [158] Andrew HURLEY, Environnemental Inequalities Class, Race, and Industrial Pollution in Gary, Indiana, 1945-1980, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1995. [159] SynthĂšse dans G. MASSARD-GUILBAUD, Une histoire sociale de la pollution industrielle dans les villes françaises 1789-1914 », Habilitation Ă diriger des recherches, UniversitĂ© de Lyon-II, 2003, Ă paraĂźtre. [160] Lâarticle de Pierre-Denis BOUDRIOT, Essai sur lâordure en milieu urbain Ă lâĂ©poque prĂ©industrielle. Boues, immondices et gadoue Ă Paris au XVIIIe siĂšcle », Histoire, Ă©conomie et sociĂ©tĂ©, 5-4, 1986, p. 515-528, est longtemps restĂ© un cas assez isolĂ©. Ce nâest plus le cas avec Thomas LE ROUX, Les nuisances artisanales et industrielles Ă Paris, 1770-1830 », doctorat dâhistoire, UniversitĂ© de Paris 1, 2007 ; et Jean-Baptiste FRESSOZ, La fi n du monde par la science », innovations, risques et rĂ©gulations de lâinoculation Ă la machine Ă vapeur, 1750-1850 », doctorat dâhistoire, EHESS, 2009. [161] Estelle BARET-BOURGOIN, La ville industrielle et ses poisons. Les mutations des sensibilitĂ©s aux nuisances et aux pollutions industrielles Ă Grenoble, 1810-1914, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2005. Voir aussi, dans une perspective non exclusivement urbaine Charles-François MATHIS, LâĂ©mergence dâune pensĂ©e environnementale en Angleterre au XIXe siĂšcle », doctorat en histoire, UniversitĂ© Paris 4, 2006. [162] Sabine BARLES, Lâinvention des dĂ©chets urbains. France, 1790-1970, Seyssel, Champ Vallon, 2005. [163] AndrĂ© GUILLERME, La naissance de lâindustrie Ă Paris. Entre sueurs et vapeurs, 1780-1830, Seyssel, Champ Vallon, 2007 ; Laurence LESTEL, Experts and water quality in Paris in 1870 », in Bill LUCKIN, G. MASSARD-GUILBAUD, Dieter SCHOTT Ă©d., Urban Environment Resources, Perceptions, Uses, Aldershot, Ashgate, 2005, p. 203-214. [164] Cf. en particulier les revues Ătudes rurales et Histoire et sociĂ©tĂ©s rurales GĂ©rard CHOUQUER, Nature, environnement et paysage au carrefour des thĂ©ories », Ătudes rurales, 2001, p. 235-251. Jean-Marc MORICEAU, De lâenvironnement au territoire regards croisĂ©s sur les sociĂ©tĂ©s rurales », Histoire et sociĂ©tĂ©s rurales, 16, 2001, p. 7-9. [165] Parmi des publications rĂ©centes, cf. Alice INGOLD, To historicize or naturalize nature hydraulic communities and administrative states in nineteenth-century Europe », French Historical Studies, 32-3, Ă©tĂ© 2009, p. 129-153 ; Marie-Danielle DEMĂLAS, Nadine VIVIER Ă©d., Les propriĂ©tĂ©s collectives face aux attaques libĂ©rales, 1750-1914 Europe occidentale et AmĂ©rique latine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003. [166] Ce discours â classique â ressortit du concept dâ orientalisme environnemental » Ă©laborĂ© par Suzana SAWYER, Arun AGRAWAL, Environmental orientalisms sexuality, race, conservation », Cultural Critique, 45, 2000, p. 71-108, et largement discutĂ© depuis. ADpji3J. 278 111 128 158 346 3 221 193 13